Des femmes aimées

2023
10.01

J’ai souvent compté ici le nombre de mes partenaires. Comme un jeune ado boutonneux, comme un faluchard avec son potager (cf l’article 11), je détaillais celles qui m’accordaient leurs faveurs comme des trophées sur une étagère.

Je savais me contenter de ces échanges souvent joyeux et toujours libérateurs. Nous nous allongions l’un contre l’autre, une fois nos corps rassasiés, et si il n’y avait de l’amour, en tout cas la tendresse suffisait à lever mon impression de solitude.

Jusqu’au début de l’année 2014, qui marqua, il me semble, les premières fois où, malgré ces corps en sueur, malgré ces bras qui m’entouraient : Je me sentais toujours seul. Alors l’envie de ces étreintes me quitta. Je prenais toujours un plaisir certain à regarder de jolies femmes passer, mais le désir de les conquérir n’était plus. Cela aurait sans doute pu durer quelques temps, d’autant que je sombrais dans l’idée que tout était fini, que ne me restait qu’à trouver un endroit isolé où je pourrais attendre, paisiblement, à défaut de vouloir quitter tout cela définitivement.

Quelques mois plus tard, une amie m’apprit qu’il était biologique de ressentir, après une perte dans la tribu, le besoin de se reproduire. Cela pris quelques semaines, pourtant, après la disparition de mes parents, mais je retrouvais ce bonheur dans les bras d’un ancien amour, elle aussi là pour consoler une perte qu’elle avait subi. Je me souviens très bien de cette étreinte, pour intense et simple qu’elle fut. Nos deux corps qui s’entrelacent, des mouvements d’une infinie lenteur, et cette délivrance, l’un dans l’autre. Puis le besoin de me lier à d’autres, pressant, impérieux. Et par bonheur, dans la rencontre de ma première conquête polyamoureuse, qui mit des mots sur des sensations, des envies que je compris plus tard avoir déjà ressenties. Ce sens, tellement grand, que prenaient les corps quand ils sont emprunts de la même joie primaire à se retrouver, cette fascination de se trouver, au milieu des autres.

Aujourd’hui, malgré la rassurante certitude que je n’oublierais aucun corps frôlé, je me rends compte que ce décompte est bien vain. S’il est important de ne galvauder aucune étreinte, il me parait bien plus significatif de me rappeler ces femmes qui m’ont changé. Celles qui m’ont connu, avec qui nous avons partagé non pas que l’extase de nos désirs, mais bien un bout de chemin en commun. En fait, probablement, celles qui ont essayé de m’aimer, et que j’ai essayé d’aimer en retour. Ce sont elles qui marquent ma route.

Je ne savais rien de l’amour, ni des autres, quand j’ai rencontré Amélie. D’ailleurs, j’ai mis du temps à comprendre que nous allions nous lier autrement que d’une affection sincère, et un peu adelphe. Il serait illusoire de dire que, pendant deux ans, nous nous sommes vraiment connus. Mais nous nous sommes aimés sincèrement. Et dans ma jeunesse, je pensais, sans en comprendre le sens et les implications, que cela serait éternel. Evidemment, ce ne le fut pas. Elle le comprit avant moi, et, comme je l’ai déjà détaillé maintes fois dans ces lignes, fit beaucoup de dégâts en partant. Oh, ce premier chagrin d’amour, quand on ne sait pas qu’un jour, on pourra aimer de nouveau.

Quelques années plus tard, pourtant, Ralliowa entrait dans ma vie par l’intermédiaire des lèvres d’un camarade qui, ne pouvant obtenir d’elle plus que ses baisers, la « laissa » entre mes mains, bienheureuses, elles, de pouvoir échanger, sans plus de calculs. Quelle soirée, lui étreignant déjà la demoiselle que j’avais introduit aux affres du sexe quelques semaines plus tôt, et moi, dans cette boite, faisant glisser sur le ventre de Ralliowa un glaçon entre mes lèvres. Là encore, deux ans s’en suivirent, malgré, hélas, mon cœur encore un peu à l’affût de la précédente. Nous restâmes amants, de loin en loin, jusqu’à cette étreinte suivant la perte de ma famille.

Jusqu’à cette époque, ma conception de l’amour était… Commune, j’imagine. On s’aime, on se lie, mais sans doute ne peut-on jamais connaître vraiment l’autre. C’est la magie du désir que de lier des personnes qui peuvent, du fait même qu’ils sont étrangers, s’émerveiller de se trouver. Encore et encore.

Et puis Lamia m’intrigua. Elle était de ces femmes que je ne savais même pas espérer trouver. Une prestance incomparable, et une meneuse. Je me laissais entraîner avec plaisir dans sa ronde, acceptait de me sentir bourdon autour d’une reine. Et elle finit par me choisir. Nous n’avons osé qu’après nous dire, à demi-mots, que nous nous aimions, son départ outre-mer étant déjà programmé. Mais elle m’aida à comprendre que plus qu’une compagne, je pouvais trouver une égale, et même plus.

Mais c’est Mathilde qui fut mon premier alter-ego. Tout entre nous n’était que compréhension et partage. Je découvris avec elle ce qu’était la confiance absolue, celle qui annihile toute jalousie possible. Peut-être était-ce plus facile car, à mon grand désarroi, je ne tombais jamais vraiment amoureux d’elle. Quand il fut évident que c’était un besoin que je devais voir combler, je brisais ce lien. Un plus fort s’y substitua, une amitié qui perdurent encore à ce jour. Elle vient d’accoucher de son deuxième fils. Un bonheur que je partage, bien que nous ne nous voyions plus très souvent.

A bien des égards, Letizia fut un recul. Nous étions très amoureux, certes, mais j’aurais dû savoir que, plutôt que d’essayer de la rassurer, j’aurais dû éviter de l’enserrer dans un amour qui ne mènerait nulle part. Il faut dire qu’à cette période de ma vie, et depuis le début, je ne pouvais me projeter sans avoir obtenu cette raison d’être qui me paraissait indispensable à l’époque, et derrière laquelle je courais toujours : Se réaliser professionnellement, devenir le grand homme que je pensais devoir devenir. Les amours que je vivais alors m’accompagnaient dans mon parcours, mais je ne pouvais imaginer d’après.

J’ai pourtant refait cette même erreur avec Emmanuelle, nouant ensemble nos deux tristesses solitaires pendant une année, après quelques années de relations polyamoureuses pleines de joies, mais toujours sans avenir.

Quand Alizée est arrivée, elle ne devait être qu’une magnifique distraction, une plongée dans nos désirs communs. Mais nos sentiments se sont invités à la fête, et cette évidence a bien vite balayé les premiers doutes quant au fait que j’avais deux fois son âge. Malgré la peur de ne pouvoir l’accompagner jusqu’au bout du chemin, pour la première fois, j’ai vu un avenir. Un mariage et des enfants. Une vie à la regarder de ce regard à la fois triste, heureux et attendri qu’elle aimait tant. Mais voilà, malgré les promesses, elle ne pouvait supporter plus longtemps de gaspiller sa jeunesse à me voir sombrer toujours plus loin dans une dépression qui ne m’avait jamais quitté. Je n’avais pas souffert autant depuis mon premier amour, toujours dans ce besoin viscéral de la protéger du désir dévorant d’autres hommes qui n’auraient pas su la chérir comme ils l’auraient dû.

En un sens, elle fut le fond de la piscine. J’ai écrit ici le désespoir, et le chemin vers le havre de paix qu’a représenté alors l’hôpital, et le renoncement à toute responsabilité. L’acceptation, enfin, que je n’y arriverais pas tout seul. Et surtout, après quelques tâtonnements, le médicament qui me permit de découvrir la joie. Celle que nulle tristesse ne vient entacher, simple, naturelle, évidente.

Mais quand tous ces combats ont été menés, et quand l’âge avance, le besoin de partager la route devient tellement évident. C’est dans cet état d’esprit que quelques mots jetés sur un profil me firent vibrer, bien plus que ce minois avenant. Intelligente, déterminée, pourtant un peu ébréchée, d’un âge presque raisonnable, je me jetais comme je n’avais jamais pu dans cette histoire, le poitrail ouvert en grand. Qui changerait de nom, quels voyages nous ferions, tout avait été abordé bien vite, et tout concordait. Etait-ce les médicaments qui m’empêchaient de lui faire l’amour autant qu’elle l’aurait voulu ? Ou ce besoin désormais nécessaire d’un jeu de pouvoir pour aiguiser les appétits ? Ou tout simplement me serais-je stupidement arrêté au fait que son corps ne dessinait pas exactement les courbes que je désire ? Dur à savoir, mais pour cette raison, et surement bien d’autres, un soir, enlacés, elle lança l’idée de se séparer. Après six mois, je partis donc comme j’étais venu, sur une dernière étreinte et nos bouches qui se trouvent, pour, je n’en acquérais la certitude que plus tard, la dernière fois.

Bien plus qu’un nombre finalement abstrait de femmes étreintes, ce sont elles dont je me souviens. Elles m’ont façonnées, elles m’ont fait grandir, aider à affiner mes choix. Pour, peut-être, un jour, être celui qui sera nécessaire à la dernière. J’espère.

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Une rencontre…

2022
24.05

Insérer ici une présentation longue et laborieuse disant que je suis formidable, qui dirait que j’ai des passions, des espoirs, et des rêves. Qui dirait que je suis bourré de défauts et de craintes, mais aussi de force et d’un esprit difficile à retrouver ailleurs (et un peu fier, aussi).

Il y a une infinité de nuances entre « Epouse-moi et fais-moi deux mômes » et « Fais-moi jouir et dégage ». C’est dans ces nuances qu’on a une chance de se rencontrer. Si tu me dis « Viens, on va élever des escargots en Thaïlande », il se pourrait que je dise oui. Enfin, là, merde, fais un effort, des escargots en Thaïlande, vraiment ? En tous les cas, j’aspire à connaitre un peu plus que la couleur de ton clitoris. Il va bien, au fait ? Faut que tu me le présentes.

Sois une garce qui aime les contes de fées.

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Femme paradoxale cherche un autre paradoxe pour passer du bon temps.
Souriante, exubérante et parfois timide, sensible, bienveillante et souvent chiante. J’aime plus que tout une bonne conversation en face à face, débattre de nos idées, et qu’à la fin on soit ok de se dire « agree to desagree ». Je suis franche, trop parfois, mais cela fait aussi mon charme!
Plutôt douée au lit, et aucun problème pour dire que j’adore le sexe… un petit soucis avec l’exclusivité pour le moment mais peut être est-ce seulement que je n’ai pas trouvé le bon… en tous les cas, pas d’attente d’exclusivité dans un premier temps siouplait!
Multiples facettes à découvrir et peut être aimer…
J’aimerais un jour rencontrer l’homme avec qui partager plus d’aventures qu’il n’en est possible dans une vie normale (mais je suis loin d’être normale donc ça devrait aller), tout en construisant quelque chose de beau, de vrai, avec une complicité à toute épreuve.
Femme tout terrain qui aimera autant se prélasser sur le pont d’un bateau que partir en bivouac. La foule est ma Kryptonite, nécessité d’une grande motivation pour aller l’affronter. Je ne suis pas asociale non plus, mais les boites de nuit, très peu pour moi!
Pas d’enfant, uniquement une fifille à 4 pattes nommée Lotus (elle aussi plutôt tout terrain). Envie d’en avoir un jour, le père et homme de ma vie reste à rencontrer…

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Une nuit en boite

2021
06.11

Il y a plus de vingt ans que je me trémoussais sur cette même piste de danse. A l’époque, j’étais le chaperon de mon ex et de ses deux copines. Les trois pétasses auto-proclamées. Quand je rapportais à cet ancien amour que danser avec l’une de ses amies avait provoqué un début de réaction physique, cette dernière se mit en tête de produire le même effet, donnant à l’ensemble des présents le spectacle d’un couple qui semblait manquer de limites. A tel point qu’à la nuit, dans son lit que nous partagions, je ne me rendis compte qu’elle était tombé instantanément dans le sommeil et qu’elle ne jouait donc pas celle qui se laissait faire qu’avec deux doigts au fond de son sexe. Cela la fit rire le lendemain, quand elle me demanda pourquoi sa culotte, au réveil, était sur ses chevilles.

Et ce soir, j’ai bientôt 42 ans. Je suis évidemment bien trop vieux, déjà. Je regarde toutes ces jeunesses danser et sourire dans une euphorie contagieuse. J’admire tous ces minois de femmes à peine sorties de l’enfance, je me berce et dévore ces images. Une si jeune femme, aux traits si doux, si fins, un carré court, un petit ange au milieu de la foule, fringuée d’un baggy informe et d’un débardeur trop large. Si j’avais quelques années de moins… Le genre de fille pour qui, adolescent, je me serais ridiculisé d’amour insatisfait. Lui dire, lui demander, si elle sait à quel point elle est jolie. Qu’elle ne laisse jamais qui que ce soit la faire douter d’elle-même. La remercier pour cet éclair de joie de la contempler.

Ces jeunes femmes que je ne découvrirais plus dansent, et avec elles mes yeux qui ne savent où se poser. Passer ma vie à regarder de jolies femmes, je crois, suffirait à mon bonheur. Retrouver ce bonheur de ne pas savoir. Ce frisson insensé à la simple idée de passer un doigt dans ses cheveux. Revivre encore et encore chaque étape d’une première fois. Savoir goûter chaque seconde de cette étreinte, chaque étincelle dans ses yeux, retrouver l’innocence de mes mains qui ignorent ce qu’elles font, muées non par la technique, mais seulement par la faim de la découvrir. Sans calculs, sans intentions, dans la simple explosion du moment. N’attendre d’autre aboutissement que son sourire.

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Oublier

2020
11.03

Se battre, encore une fois, pour ne pas la perdre. Perdre cette bataille. Sentir la froideur et le mépris. Abandonner enfin, pour un temps, infini ou non. Je peux le faire : La tristesse est une compagne familière, que tu avais pu distraire pour un temps.

M’endormir tous les soirs, de plus en plus tôt, épuisé d’avoir repoussé tout le jour ces images de toi qui te donnes à un autre, qui en aimes un autre, alors que mes pensées vont encore, si souvent, vers ton sourire… Epuisé de me rappeler tous ces gestes, toutes ces mimiques, qui ne seront jamais plus. Epuisé de penser ton corps qui se cambre sous le poids d’un autre, tes hanches qui bougent au rythme d’autres mains. Epuisé d’accueillir la lancinante tristesse de l’acceptation vaincue…

Maintenant, oublier tout ce que j’avais mis en place pour que tu sois celle qui passerait sa vie avec moi…

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Lâcher la rampe

2020
09.03

Cinq ans. Il aura fallu cinq ans ; un appartement débordant des souvenirs de mes parents disparus, littéralement en travers de mon passage ; Un procès qui n’en finit pas pour récupérer encore plus de souvenirs ; Des travaux perpétuellement repoussés dans mon futur havre de paix ; La solitude de si peu d’amis autour de moi ; Et le départ de mon petit trésor. Cinq ans pour que je finisse enfin par m’effondrer.

Je l’appelais pourtant si souvent de mes voeux : Je rêvais de me retrouver enfermé, mais surtout coupé de toutes ces choses qui m’enfonçaient, croulant sous le poids de la folie de les avoir perdus. Et c’est arrivé. Une nuit, après une semaine plutôt paisible malgré le départ inattendu de mon aimée. Réalisant enfin ce que cela signifiait cette fois-ci : Qu’elle passait à autre chose, passait dans d’autres bras, passait de nouveau par ses turpitudes, qu’elle ne jugeait pas intimes, mais qui étaient si chères à mes yeux que je ne supportais pas qu’elles puissent être à vendre. Elle passait à autre chose, alors que je n’avais pas encore réalisé qu’elle était vraiment partie. Elle allait se vautrer dans sa sensualité qu’elle avait abandonné avec moi, et, naïf que j’étais de ne pas l’avoir vu, trouver aussi rapidement qu’elle m’avait trouvé moi de nouveaux bras à chérir. Comment ne pas avoir vu que ce que j’avais cru une histoire exceptionnelle n’était finalement pas plus qu’une jeune fille qui se cherche et croyait se trouver en moi, comme elle allait croire se trouver dans les suivants ?

Des appels désespérés, au milieu de la nuit, à tous qui de près ou de loin auraient encore pu m’écouter. Une recherche google pour trouver ceux qui écoutent quand on souffre. L’attente, le noeud au ventre, même à ce numéro, interminable. Raccrocher de ne pouvoir parler assez vite. Enfin quelqu’un qui rappelle, ensommeillée et impuissante devant mes hoquets de pleurs hurlants, puis une autre, tendre amie, qui m’accompagne jusque dans les brumes du néant réparateur, aidé d’un médicament. Le lendemain matin, une qui enfin comprend ; qui sait ; qui va venir, de loin, pour m’accompagner. Les sanglots qui viennent de ne plus avoir à porter ce poids. La journée qui défile. Ne plus être seul. La communion et des sourires arrachés. Les urgences. Raconter, dans le brouillard de mon esprit, la même histoire à de multiples oreilles. Mon visage ravagé par les cernes et la souffrance : « Vous faites plus vieux que votre âge ». L’ambulance. L’absurdité d’une conversation badine avec un accompagnant égocentré. Et enfin la fin du voyage, dans un lit d’hôpital, presqu’au petit matin.

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