Archive de mai, 2005

Désert


2005
31.05

Voilà des mois que je n’ai pas écrit ici, et les quelques malheureux posts qui s’entassent sur la page paraissent bien maigres. Il y a des fois où la vie parait remplie de tout un tas de petites choses qui finissent par faire une existence pleine, et des fois où ces petites choses ne sont pas là, où existe juste le sentiment insupportable de ne faire que subsister, entre un boulot ennuyeux, des gens avec qui l’on échange que l’ennui de cette subsistance plutôt que le bonheur d’être ensemble.

Et bien voilà, ces quelques mois passés furent cela, l’impression de vide due au fait de ne rien découvrir, de ne rien faire, de ne sentir sa vie à travers rien, d’essayer de sortir la tête de l’eau à travers des subterfuges de plus en plus insipides, de plus en plus mornes, jusqu’à ce que ces subterfuges eux-mêmes deviennent d’une platitude évidente, tellement évidente qu’on voudrait les oublier, mais qu’on s’y accroche, par habitude.

A force de rêver sa vie sans ses horribles passe-temps quotidiens qui arrivent à maintenir tellement d’entre nous dans une semi-vie presqu’agréable, je ne me laisse plus prendre. Je les vois comme mon nez trop grand au milieu de ma figure désabusée et lasse, qui font dire à mes parents que je suis dans une mauvaise passe et à ma directrice des études qu’il faut que je me « reprenne ». Mais finalement, à trop chercher l’original, j’en viens souvent à me demander si ce n’est pas moi qui me trompe, si ma tant aimée génitrice n’a pas raison quand elle me vante ces petites choses qui font l’existence, le plaisir de se préparer un repas ou de lire un bon livre, ces petits plaisirs qui ne me laissent à moi en bouche que le goût de l’inachevé, de l’attente, de la lutte vaine face au néant qui nous menace quand nous fermons les yeux, ou du vertige quand nous refusons de les fermer.

Ces derniers mois, il y a eu un enseignement insipide dans une école de journalisme remplie de gens qui m’apparaissent sans passions, des rencontres qui n’amèneront jamais à rien, des pensées tellement usées qu’elles ne valent même plus la peine d’être écrites.

Pourtant un après-midi au Louvre, temple de l’art où les millions d’Euros ne servent certainement pas à mettre en valeur des œuvres sur lesquels se battent les contre-jours assassins, le même soir un concert de jazz dans un bouiboui de Saint-Michel, pourtant quelques éclairs de joie dans le brouillard, qui ne suffisent pas à le faire disparaître.

De ces derniers mois ne subsiste qu’un désert uniforme, et la gorge sèche de quelqu’un qui voudrait tellement plus, et qui n’y arrive pas. Nos vies sont-elles toutes gâchées, comme celle-ci ? Pitié, faites que non.

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