Archive de février, 2011

Le bonheur


2011
08.02

Et puis un jour, j’ai eu 31 ans. J’étais à Brisbane, ce jour-là, et je me souviens que ce fut, comme souvent, un jour de solitude. La veille était sans doute la dernière fois où je pouvais me faire croire être encore dans la vingtaine. Non, 31 ans, j’étais définitivement passé du côté des sub-vieux cons. Quelques semaines avant, deux allemandes accortes s’étaient soudain rabougries en attendant mon âge et celui de mon camarade de plage nocturne, et certaines jeunes filles tout à fait à mon goût commençaient à me donner du vous.

En même temps, qu’y perdais-je ? J’avais maintenant une excellente excuse pour me faire rembarrer par les adorables greluches qui m’ont toujours fait craquer, et qui seraient désormais trop jeunes pour moi, moi qui n’ai jamais réussi à me les dire trop connes pour moi. J’arrivais le plus souvent à me trouver beau, et de fait, mon corps ne m’allait plus trop mal.

Je m’apprenais chaque jour un peu plus, moi qui croyais déjà avoir tout vu de moi. Je me savais extérieurement prétentieux et intérieurement manipulateur, je me retrouvais également borné et autoritaire. J’avais sans doute été un jeune con. J’entamais sérieusement la pente pour en devenir un vieux, tombant sous le coup des vers de Brassens. Il était vraiment temps que ca change, ou je me changerais de célibataire fringuant en vieux garçon aigri. Hélas, connaître mes défauts ne semblait pas m’aider à les combattre. Je ne pouvais que m’excuser de ce que j’étais, mais combien de fois peut-on s’excuser pour la même chose ?

Je comptais les gens qui me manquaient vraiment sur quelques pouces, et même ceux-là, pourquoi me manquaient-ils ? Les aimais-je seulement assez pour les connaître vraiment ? Comme cette femme que je prétendais encore chercher, avais-je l’image, ou le négatif ?

Je n’avais rien. Le coeur vide, les mains incapables. Mais j’avais au moins appris une chose, un soir, au coin d’un feu au milieu des Blue Moutains. Je n’avais pas le sens de la vie, c’était certain. Mais je savais désormais qu’à certains moments, quand le présent suffit, le sens de la vie… Ca n’a aucune importance. Et j’étais au moins libre d’aller chercher ces moments où je pourrais les trouver. Finalement, ça ne m’allait pas si mal, la trentaine.

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