Archive de novembre, 2011

Désir en berne


2011
23.11

Et dire que j’y suis encore, dans cette chambre de gosse. Ca pourrait n’être qu’une métaphore. A dormir dans mon petit lit que j’ai quitté à 18 ans. Alors qu’aucune fille n’était encore passée par là.

Il y a donc eu Mathilde. Relisant mes pensées déposées ici depuis mon arrivée à Paris, je réalise que j’ai souvent eu cette impression de rencontrer quelqu’un d’exceptionnel, et de ne pas pouvoir l’aimer. Dans quelques années, je penserais peut-être la même chose de celle-ci. Le fait est que, comme les autres, c’est surtout mon désir qui faisait défaut. Quand je ne la regarde pas avec admiration quitter mon lit, c’est que ce sera un problème. J’ai cru que je pouvais savoir ma compagne dans d’autres bras sans en prendre ombrage, mais le fait est que si j’avais été amoureux d’elle, si mon corps avait vibré rien que par sa présence, je sais que j’aurais voulu la garder pour moi.

J’avais besoin d’un amour, quand j’ai rencontré Mathilde. Non que cette relation n’a pas été exceptionnelle. Mais je le cherchais dans les lignes échangées avec Elisabeth, la petite caennaise (j’ai fini par chercher sur google…) que je ne pus jamais rencontrer, dans la silhouette de Céline… Et je l’ai trouvé dans l’esprit de Mathilde. Mais pas dans son corps.

Et moi aussi, du coup, j’ai exploré d’autres lits, pour assouvir des fantasmes plus que pour découvrir d’autres peaux, d’ailleurs. Ce n’était pas une bonne idée. Mais au moins, j’ai découvert les limites de mes désirs. J’ai échangé avec beaucoup sur internet. Ma compagne vivant à Dublin, j’avais tout loisir de consacrer du temps à d’autres sans la départir d’une minute ensemble. Ainsi j’ai baisé Miguelle dans son appartement de banlieue, pendant que ses enfants dormaient dans les chambres et que mon premier amour occupait mon lit avant de trouver son propre chez elle sur la capitale. Cette dernière avait d’ailleurs trouvé l’un de mes jouets très divertissant, cette nuit-là. Bécasse, j’ai dormi à coté d’elle pendant un mois et demi. Ainsi j’ai baisé et fessé Géraldine sur mon canapé-lit, et affronter ma colère face à son propre désir inassumé, et ma capacité encore présente à la violence, qu’elle attendait s’abattre sur son postérieur offert.

Et puis, enfermé de plus en plus dans ma bulle parisienne que je n’ai jamais su vraiment percer, et épuisé de la présence permanente de celle qui avait tant compté, je suis retourné à Nantes. Là, j’ai retrouvé la chaleur de vrais amis, les raisons pour lesquelles j’étais parti, et la moiteur de la chair de certaine ex en manque de présence.

Et un jour d’avril 2009, à bout de désir, peut-être, et en pleine dépression, sûrement, je quittais Mathilde après un dernier voyage à Dublin. Elle s’effondra d’un coup quelques jours ou semaines plus tard, passant trois semaines dans un univers qu’elle même serait bien incapable de décrire aujourd’hui.

Plus tard, Alison croisait ma vie, d’abord dans une étreinte presque chaste pendant un guet-apens tendu par un ami chez moi, puis dans des étreintes estivales des plus sportives pendant une saison de barman dans la pointe bretonne. Je croisais le sourire d’une jeune et jolie serveuse, mais si je ne me voyais pas vieillir, il est probable que je fus le seul. Je revois Alison se moquer de moi parce que allongé sur elle, je fis un faux-mouvement qui inflamma mon dos pour le reste de l’été.

J’ai encore un peu poussé le désir dans ses limites, me retrouvant dans mon appartement avec une fille, Jenny, qui sentait la crasse, l’affrontement, et qui me suça comme une furie sans que je puisse résoudre mon pénis, bien lui en pris cette fois-là, à la baiser. J’eus cependant la chance de rencontrer Valentine, à peine majeure, dont l’esprit éveillé me soulagea un peu, mais dont le corps était bien trop absent pour que nos étreintes s’éternisent. Mathilde et moi étions toujours amants, au gré des hommes avec qui elle tentait de construire un couple, ou même pendant. Je lui racontais mes étreintes ratées, et elle la jalousie souvent justifiée que suscitait cet ami trop présent malgré la distance.

Mon désir était absent, faute d’avoir les yeux qui brillent devant la beauté d’une femme, et je continuais de combler mon manque affectif, sensuel et intellectuel avec celle avec qui j’aurais peut-être dû savoir mettre des distances, pour mieux être son ami…

(Edité le 23 février 2012)

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