Archive de décembre, 2013

Sur le bord de la route


2013
03.12

Quand on laisse une femme aimée sur son chemin, on laisse beaucoup plus que celle avec qui les âmes se sont frôlées. C’est toute une vie qu’on abandonne. Le deuil se fait de l’autre, de son rire, de ses sourires, de ses habitudes, de nos habitudes, de son corps frôlé ou dévoré. Mais le deuil se fait aussi de ce chemin qu’on ne fera pas ensemble.

Je n’ai jamais vraiment réussi à laisser ce chemin commun m’envahir depuis que le premier s’est évanoui avec la première silhouette aimée. J’ai du mal à me souvenir de ce qu’il était, mais je sais qu’il fit certainement parti des raisons qui nous séparèrent : L’avenir était avec elle, j’en étais persuadé, mais tellement fantasmé, comme ma propre identité… Pour se construire, il a fallu prendre des voies différentes, comme parfois les amours trop jeunes.

Depuis lors, l’écueil inverse m’a envahi : Je ne laisse pas l’avenir nous toucher, et à force de l’ignorer, il devient impossible. Quand des pas supplémentaires deviendraient nécessaires, je prends le chemin de traverse, et je m’éloigne. Non que j’avance, non : Je reste sur le bord du chemin, à observer ces si tendres autres avancer. Je suis parfois étonné du chemin emprunté, parfois fier que l’autre trouve sa voie si bien.

Mais refuser de voir un chemin ensemble me conduit inévitablement à la fin de la route. Et le début des voies de l’autre me déchirent souvent.

Parfois, j’imagine ce que j’aurais été, avec chacune. A défaut, peut-être ces chemins auraient été plus heureux que le mien. Au moins les aurions-nous fait à deux. Homme entretenu avec certaines, surement, femmes suffisamment carriéristes pour n’y voir rien à redire. Une maison d’hôte au soleil, à plonger au large, dorer au soleil et rencontrer de nouvelles têtes venues chercher la paix. Faire l’amour dans la moiteur des îles. Je vois toutes ces vies qui se sont enfuies, surement irrattrapables, et je me demande si le chemin que je déciderais de suivre sera plus beau. A procrastiner de la sorte, je plaindrais presque une éventuelle compagne de route.

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