Archives de la catégorie ‘Dialogue avec mon pénis’

Egocentrisme


2008
09.01

Il est des êtres au sommeil si lourd que même leur mort approchante ne les réveillerait pas. Il est des êtres qui passent sans connaître, et qui partiront comme ces chiens errants qui ne regardent que le pas qui suivra dans leur marche folle.

Il y a des années, peut-être dans les racines d’une enfance décalée, j’ai essayé d’ouvrir les yeux. Sur moi-même, tout d’abord, sur mes peurs, mes défiances, et tous ces crapauds grouillants au fond de chacun, que l’on saura garder silencieux, ou qui donneront racine à tout ce qu’il y a de plus mauvais. Sur le monde, ensuite, malgré tous les filtres que j’ai devant les yeux, la morale, ces mêmes peurs qui empêchent de voir, l’éducation.

J’ai essayé de devenir ce que je pensais qu’on attendait de moi. Un homme, sérieux, actif, dynamique. Mais je ne suis pas cet homme-là. Trop de blessures si futiles qui entachent l’âme à jamais. Trop d’abandon pour se sentir en sécurité. Trop de petites fractures à l’ego qui font de moi un être en perpétuel demande.

Je suis un créateur. Rien de prétentieux dans cette affirmation. Le génie de la création vient après, et il n’est pas dit que j’y arriverais. Mais j’ai tous les défauts du créateur. Aérien, incapable de concentration en dehors de son plaisir. Et surtout, bipolaire, comme tant d’autres. Capable de désespoir et d’envolées. Tout prend plus de valeur, plus d’intensité, trop d’intensité. Le vide quand on finit quelque chose, le vide avant d’en reprendre une autre, et l’enthousiasme, l’exaltation, la folie presque quand on est en train de se réaliser. Mais toujours par vague.

Alors j’ai appris à nier mes émotions, parce que je les sais mensongères. Je suis devenu, pour tant d’autres, un bloc froid et sans sentiments. Je ne les laisse se réveiller que pour mon travail, parfois. Je me demande si je saurais un jour les contrôler sans qu’elles ne me contrôlent, et ainsi me laisser ressentir à nouveau sans qu’elles me submergent.

Et enfin, ne plus jamais regarder mon nombril.

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T’as déjà vu un éléphant volant perdre un réacteur, toi ?


2007
06.12

Les exceptions qui confirment la règle. J’ai l’habitude de dire que je préfère la compagnie des femmes. Sauf quand je me retrouve à parler éthique, ethnologie (diable, que ne suis-je donc ignorant, encore), et de la nécessité de l’exaltation pour les dépressifs, avec l’homme dont je fus l’élève et un autre au milieu d’une dégustation de champagne, à midi à peine, après une réunion de présentation des produits pour lesquels je vais me prostituer avant Noël pour avancer le paiement de ma caméra. On ne crache pas sur l’argent vite gagné, dans ces cas-là.

Cet homme, donc, produit chez moi cette exaltation tant recherchée, et qui justifie l’existence même du plus désespéré. Bon, je dois avouer, forcément, on parle aussi des femmes, mais heureusement, sans cet air grivois et vicieux qui habite le visage de tant d’hommes quand ils en parlent. Juste l’admiration de ce qu’Elles sont, ces déesses salopes. Amusant, finalement, comme peu d’hommes, il me semble, peuvent comprendre le simple émerveillement d’une jolie paire de jambes passant dans la rue, sans imaginer d’autres lieux avec la dite gazelle urbaine. J’ai la chance, paraît-il, de n’avoir qu’un regard qui remercie en regardant ces spectacles qu’Elles nous offrent, tous les jours. Spectacles qui suffisent si souvent à illuminer ma journée, tant il est vrai que sans beautés, une journée est bien morne.

Et finalement, le fait de sentir l’envie de mes nuits de perdition dans leurs bras multiples me rassure, lui qui vit une belle histoire d’amour avec une jeune femme de mon âge. Parce que l’Homme, il faut le savoir, n’est que rarement profondément content de ce qu’il vit. On pourrait parler des heures de cette éternelle insatisfaction de soi qui pousse certains à se dépasser, à aller plus loin, toujours. Et de cette envie qui m’habite, devant les images données par le second élément de cette discussion de Chine, de Sri Lanka, de Brésil, qu’il est allé découvrir au hasard de son RMI et de quelques autres avantages qu’il passe sous silence. Du coup, certains projets ressurgissent, me hantent, m’incitent. Je n’ai jamais vu Istanbul. Pourquoi pas à dos d’éléphant ? Le monde autant que le corps des femmes est un terrain de jeu à épuiser. Je reprends mon souffle, et j’arrive, ma belle.

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20


2007
05.12

J’avais vingt ans, et depuis longtemps perdu la candeur des enfants. J’avais vingt ans, et j’essayais encore de me persuader qu’il n’y avait qu’Elle qui comptait. Pas de bordel en campagne pour me déniaiser, comme dirait Brel, la première fois était un amour fort, que j’aurai voulu pur. Pourtant, les désirs, les peurs, les doutes nous assaillaient déjà. Je n’avais plus vingt ans quand Elle m’a quitté après un emménagement avorté. Je n’avais plus vingt ans depuis longtemps, finalement.

Alors j’ai découvert les femmes. Toutes, dans leur diversité, je les ai regardées, désirées sans entraves, caressées quelques fois. J’ai dû faire mal comme je souffrais, appris à vider mes émotions qui m’avaient conduites si bas. Je n’ai pas su faire la vie sans Toi pendant des mois. Perdu dans un univers sans Toi, j’ai appris à cultiver l’aptitude à me regarder vivre, vide, sans cœur pour me battre. Je n’ai aimé que pour T’oublier, parce que toutes les caresses n’y faisaient rien. J’ai assouvi le fantasme d’être mon père, qui m’avait abandonné, lui aussi. De pouvoir abandonner sans souffrir, à mon tour. Mascarade, on souffre aussi de l’abandon quand on le déclenche.

Je T’avais pourtant retrouvée quelques semaines, avant ça, sans doute pour que Tu puisses mieux partir. Je ne T’ai pas laissée faire. Je t’ai trouvé une autre place avec d’autres majuscules, pour que ta vie soit toujours dans la mienne. Et les nuits que nous passons encore ensemble sont aussi chastes que mon désir pour toi est resté inchangé. Je sais ce que c’est que de se perdre, que d’aller jusqu’aux caresses qu’on ne désire pas, jusqu’aux étreintes qui n’émerveillent plus. Pascalien, je me divertissais.

Dans la foulée, j’ai abandonné des amours non déclarées pour des désirs sans valeur. J’ai su de ne pas dire par peur du pouvoir des mots. L’amour n’existe pas, n’est-ce pas, tant qu’on le garde pour soi ?

Maintenant, je sais. Mais je sais surtout qu’on ne peut pas transmettre ce savoir aux autres. Qu’il faut éprouver, que l’expérience des autres ne suffit pas. A avoir essayé d’éviter les trappes du chemin à d’autres, j’ai appris que les erreurs ne valent que si on les fait soi-même. Pourtant, je reste persuadé que les vérités peuvent encore se partager. Il n’y a que l’amour qui grandisse. Que l’amour qui partage. Que ces caresses-là qui font que l’âme s’élève. Même abandonnée.

Qu’on ne danse ces danses-là que pour attendre. Et que l’attente est longue.

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Nuit d’ivresse


2007
05.12

Retour à la normale. On remonte en selle. Cette fois-ci, je n’aurais pas la bêtise de me refermer comme une huitre. Oh que non. Alors j’appelle une copine. Pas de réponse. Une autre, qui me rappelle que je ne rappelle pas souvent. Longue histoire, ici aussi. Du coq à l’âne, « tiens, si on se retrouvait à Bastille ? » Evidemment. J’avale une ou deux tomates farcies, et ma voiture s’envole.

J’ai envie de boire. Non, j’ai envie de poser mon regard sur une jolie femme. Non, décidément : J’ai envie de faire l’amour à une autre. Enfin, j’avais envie de boire avec des potes, mais, je n’ai pas de potes, ici, ou si peu. Alors, forcément, plan B. L’eau peine bar nous tend les bras. Je pense au nombre de fois où je viens dans ce bar accompagné d’une jolie femme. Je ne suis pas si malchanceux que ça, finalement. En fait, j’y pense à chaque fois que je rentre ici, de la même manière que j’imagine ma concierge qui épie mon passage et des femmes différentes qu’elle voit passer. Qu’est-ce que j’y peux, moi, si c’est la compagnie que je préfère ?

La conversation s’étale du sexe à l’Afrique, comme à chaque fois que je la vois elle. Elle est noire comme le geai, chancre moderne de la négritude en société occidentale. Cette différence fait mes distances et mes attraits. Elle m’effraie autant qu’elle m’intéresse. Le bruit fatigue, alors on déménage. Hésitation, et puis tiens, finalement, il n’y a pas tant de monde que ça aux Furieux. On parle Sarkozy et humanisme, et pendant que je m’absente, un homme s’est attablé. J’apprends que les organisateurs de la soirée Demonia qui s’annonce ce week-end sont ici, avec quelques fétichistes. Du coup, en tournant la tête, j’aperçois une connaissance, qui m’apprend qu’une deuxième est là. Ancien amant de ma compagne. Un jeune ami de notre nouveau camarade s’attable aussi, les groupes se forment et se déforment. De nouveaux contacts se nouent. Je raconte mes tout récents déboires. Les considérations sur les femmes ne sont pas forcément très intelligentes. Ma compagne et moi avons les oreilles qui s’écorchent. Echange de drague lourde, fin de soirée, fin de comptoir, l’imbibition ne réussit pas à tout le monde.

On définit que de toute façon, on se trouvera vendredi. Je suis heureux de penser que la plus jolie femme est à mon bras, et de constater l’envie chez mes camarades. D’autant que ce vendredi, elle sera aussi à mon bras, toute de latex petitement vêtue, ainsi qu’une autre amie, que j’appelais plus tôt, soumise d’un autre. Mais je m’aperçois que je n’ai pas parlé ici de tout cela. Tant pis, vous avez déjà compris, non ? A désirs originaux, soirées originales… J’ai fait mon baptême il y a un mois, pour découvrir enfin un monde qui me semble moins surfait, bizarrement. Ou je me sens bien. Je glisse à son oreille qu’elle sera ma soumise, ce soir-là. Elle proteste déjà qu’elle n’est pas prête à tout. Mais les idées que je lui soumets ne lui déplaisent pas toutes…

Quand je la dépose devant chez elle, on n’hésite pas longtemps à se laisser là. La soirée qui s’annonce n’en sera que plus piquante…

(Je me rends bien compte du peu d’intérêt de ce post. Mais si le lecteur ne comprend pas pourquoi il est là, c’est qu’il ne suit pas.)

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Nuit d’essence…


2007
03.12

Minuit et demi. Je parlais avec une charmante virtuelle de notre future rencontre sur les toits de Paris, de la spontanéité, contre ma propre volonté de cadrer les choses pour qu’elles m’intimident moins, quand je demande à un ami de m’appeler… Une vingtaine de minutes plus tard, à minuit et demi, donc, je m’aperçois que la charmante veut sérieusement aller se coucher, alors que ses dernières répliques sous-entendaient une rencontre fortuite. Comme je n’aime pas les actes manqués, j’argue de tout bois pour la convaincre que non, se rhabiller n’est pas si difficile…

Une heure dix du matin, ma voiture s’arrête devant un immeuble récent du 11ème arrondissement. Les rues sont quasi-désertes, et j’allume une cigarette après avoir été surpris par les tonalités plus graves qu’attendues de la voix de la jeune fille, entendue pour la première fois, et qui dit, posée : « Je descends ». Qu’il est amusant d’attendre le premier contact visuel avec une presqu’inconnue, quand on sait qu’une intimité d’abord forcée nous attend, dans la nuit qui s’étirera le temps que les mots nous domptent… Si ça ne dérape pas immédiatement, évidemment. J’entends la porte de son immeuble claquer, et j’aperçois en tournant la tête une silhouette longiligne emmitouflée dans un grand manteau noir. J’ai le plaisir de me dire, immédiatement, qu’elle est jolie. Pourtant, les beautés immédiates ne sont pas légions. Du coup, c’est un jeune homme tirant frénétiquement sur sa (mal-)roulée qui accueille la jeune fille dans sa voiture, enchainant les phrases les unes après les autres avec un faux-air détaché…

Arrivé chez moi, j’ai le plaisir de découvrir un esprit vif, taquin, brillant, de ces esprits universitaires bourrés de noms propres et de citations compliquées qu’elle a la gentillesse d’épargner pour l’instant à mon inculture assumée… J’ai l’hypnose passive face à ses grands yeux pas tous noirs, et je me tais pendant qu’elle dit qu’elle aime mon regard, et d’autres choses que je lui rendrais au centuple si les mots pour lui dire n’était pas si faciles. On hésite, on s’interroge du bout des yeux, puis on sait, on tourne autour du pot, chacun attend l’autre, jusqu’à ce que le sommeil la rattrape insidieusement. Je me retourne pendant qu’elle enfile l’un de ces grands tee-shirts gardés autant pour les envies improbables de remettre un survêt quelconque que pour ce genre de situations, et c’est elle qui, touchée de ma pudeur, s’avance vers moi pour mettre son corps sous mes mains.

Ma recherche est d’abord timide, elle est si maigre que j’ai peur de l’effrayer. Je découvre pourtant des formes épanouies, des collines et des chemins que je ne devinais pas. Elle s’enhardit, devient presque sauvage, alors que mes caresses ne parviennent pas à se détacher de la tendresse qui me sied pourtant si peu, d’habitude. Mes mains n’arrivent qu’à lui dire qu’elle est belle, si belle qu’elles n’osent pas déranger. Elles volètent, s’excusent presque d’être passées par là, demandent grâce d’oser déranger tant de jolies choses… Ma bouche s’étonne de la hardiesse de la sienne, je m’en trouve timide plus que conquérant, la dévore pourtant des yeux.

Le reste, finalement, se trouvera dans nos deux mémoires plutôt qu’ici, mais mes gestes n’ont pas variés, ni mes regards. Je me souviens de ce pincement si connu et pourtant si recherché dans les poumons quand je l’ai regardé se lever du lit, pour enfin me dévoiler sa pleine nudité, et que mon esprit s’est emplit de sa beauté un peu irréelle. Je crois même en avoir oublié de remercier Dieu, sa mère, ou n’importe qui pour m’avoir permis de juste la regarder. Je sais aussi avoir dit qu’il fallait que je pense à découvrir plus avant son esprit. Que mes caresses ne se vident pas de sens une fois que je connaîtrais par coeur ses circonvolutions, et qu’il faudra que je touche son âme pour que les gestes restent les mêmes.

Et ce matin, alors que je la regarde s’enfuir de ma voiture, je pense que pas une fois je ne me suis dit que je me trompais. Je repense à mon besoin de tendresse récent, mais non, je ne suis plus assez faible pour me laisser avoir par cette envie, je ne rêve pas, c’est bien une rencontre. Je repense aussi à cette petite habitante de Caen (ne saurais-je donc jamais comment on dit, diantre), qu’il sera sans doute, du coup, dangereux de caresser maintenant. Je pense à l’ironie qui fera qu’elle me dira sans doute que j’ai rêvé, puisque tout ne peut pas être aussi évident. J’ai encore son odeur sur moi.

Et là, juste là, elle me dit qu’elle a une aventure avec un jeune homme déjà engagé ailleurs. Et que, du coup… Peu importe, finalement. C’est pour ce genre de moment que je veux vivre, même s’ils restent en suspens. Enfin une émotion qui passe tous mes filtres. Et juste pour ça, peu importe à qui : Merci quand même.

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