Toujours cet endroit magique, ce cocon de sécurité et de détente. Des souvenirs dans certains recoins. Le rebord du bassin mouvant où j’avais pénétré mon amour, la première fois que je m’y étais rendu, un homme seul s’approchant pour caresser sa poitrine. Le hammam où je me liais avec un nouvel ami ; Où, levant le nez du sexe d’une jeune femme, je constatais la multitude de pénis dressés s’étant tendus vers elle, qu’elle accueillait avec gourmandise ; Cette femme invraisemblablement belle, allongée au sol pendant que son compagnon la dévore ; puis à califourchon sur lui, son corps tendu à l’extrême, ondulante ; Enfin son dos, son sexe que ma main explore, la sienne qui caresse mon bras dans un unique et si intense échange de regards. Les alcôves, plus loin, où l’on se perd parfois, dans une intimité relative. Les sourires échangés, ces corps d’hommes et de femmes, vulnérables, touchants, parfois si beaux. Cet amour, cette franchise, cette bienveillance que tous nous tentons de partager.
J’y retourne encore, avec une femme pour qui mon désir s’est fané un peu vite. Je l’encourage à trouver le plaisir dans d’autres bras, ce qui ne tarde pas à se produire, et me retrouve à discuter, en serviette sur la terrasse. Je parle avec une amie que nous avons en commun en te repérant du coin de l’oeil. Moi qui suis toujours très discret, je m’installe plus tard dans un coin pour fumer, et tu m’interpelles, m’enjoignant à me joindre à toi. Tu es amicale. Enjouée. Un peu fofolle. Je me répète que je devrais arrêter de regarder des femmes beaucoup trop jeunes pour moi, en faisant la conversation, un peu distrait.
Quelques jours plus tard, je te retrouve sur les réseaux. Nous aimons tous les deux le même endroit… Pourquoi ne pas te proposer d’y retourner ensemble, une idée derrière la tête, mais partant du fait que discuter dans le jacuzzi avec toi devrait être déjà bien assez agréable. Je suis heureusement surpris par l’enthousiasme de ta réponse. Les discussions se rallongent, nous passons même toute une soirée au téléphone. Rapidement, nous prévoyons une séance photo improvisée aux Folies Siffait, improbables ruines de l’arrière-pays nantais, qui se finissent par un belvédère avec une vue imprenable sur la Loire.
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Tu te changes dans ton camion, pudiquement retournée : Le désir de toucher ton dos, ta peau… Evidemment, je ne manque pas de faire le professeur en te parlant du lieu où nous arrivons. Je peux, sans trop de peine, me concentrer sur les paroles que nous échangeons aux multiples arrêts que nous faisons durant la ballade. Je tente de t’apprendre un peu, je me livre aussi, et la jolie demoiselle acquiert son identité dans mon esprit. Je reste, nous restons parfaitement sages. Il y a quelques signes d’un potentiel intérêt de ta part, mais cela reste difficile à définir. Et puis, ce n’est clairement pas encore le moment, d’abord déshabiller tes pensées, au moins un peu. Tu te confirmes joueuse, mais aussi triste, et un peu timide. La vie est encore une simple succession de jours, pour toi. Sur quelques photos, la courbe irréelle de ta croupe tendue sous ton jean.
Dans l’entrée du club, je m’amuse de te voir passer en trombe derrière moi pour aller au petit coin en courant. Nous y voila. Tu salues tes potes, mais insistes pour que nous nous attablions tous les deux. La discussion continue. Puis la première vraie pensée parasite de la journée : est-ce mon sexe qui gonfle à une pensée fugace ? Ou l’irrésistible envie de te prendre dans mes bras qui m’assaille suite à l’aveu d’une souffrance ? Je te notifie cette pensée parasite sans en préciser le contenu, et me reconcentre, avec un succès relatif, sur notre discussion. A partir de là, un espace en moi ne pensera plus qu’à établir un contact avec toi.
Tu te dénudes dans le vestiaire. Cela me parait incongru de te découvrir de cette façon. Je ne t’ai même pas encore effleurée. Mon regard s’attarde. Pas trop longtemps. Ne pas être inconvenant. Ne pas poser sur toi un regard que je ne suis pas sûr que tu désires. Ton espièglerie me transporte.
Nous barbotons dans le jacuzzi. Autour de nous, quelques couples enlacés, quelques hommes attentifs. Les bulles nous bondissent dans les yeux, les paroles sont plus difficiles à saisir. Nos corps se rapprochent… Par hasard. Ai-je déjà embrassé ton cou ? Tu lis de plus en plus clairement dans mon regard. « Tu veux m’embrasser ? », dis-tu. Je savoure le moment. Je laisse le temps s’égrener, en suspens. « Bien sûr », dois-je articuler. Je ne pense qu’à ça depuis que nous sommes là. Ce baiser scelle l’intimité que je voulais trouver avec toi. Nous cherchons les positions pour nous rapprocher, hésitant de ne pas trop vite nous trouver dans une situation qui nous mènerait vers des désirs moins sages. Pourtant mon corps a faim de sentir le tien.
Je te livre les interrogations qui m’assaillent depuis quelques jours en prévision de cet éventuel moment. Le besoin que j’ai que nous soyons plus que des corps l’un pour l’autre. L’envie d’être pour toi un souvenir un peu spécial : « Et si nous ne nous emboitions que plus tard ? » Et si nous jouions avec nos frustrations et nos désirs. Cette frustration, je la lis déjà dans ton regard avec un infini plaisir. Tu as autant envie de moi que je rêve sentir ton ventre s’ouvrir pour moi. Les caresses se font de moins en moins sages, ta main trouve ma queue. Je tressaille. La douceur de ta main qui m’enserre. Je dois gémir légèrement. De mon coté, je t’explore avec pudeur. Je caresse chaque parcelle de ton corps, te serre contre moi, évite les zones les plus sensibles pour t’enrober de tendresse.
Mais quand même : Je finis par empoigner tes fesses pour ramener ton ventre contre le mien. Ma main avide cherche le chemin de ta vulve, la trouve, sens ton corps vibrer, mes doigts sur ton sexe, ta main qui continue sa danse le long de ma hampe. Nos bouches qui se dévorent maladroitement, de ton visage trop haut par rapport au mien. Le doigt au bord de ton vagin, je t’interroge : « Je peux ? » Tu acquiesces, puis soupires de me sentir. Quand deux amants se trouvent, ils sont seuls au milieu d’une foule. Le monde disparait et tout se concentre sur nos deux chaleurs. Là, à écrire ces lignes, je sens encore mon coeur qui virevolte. Diable, pourquoi mes coups de coeur sont toujours si jeunes… Peut-être cette énergie primesautière que le temps n’a pas encore conduit à cacher derrière le sérieux des adultes. En sortant du jacuzzi, après toutes ces caresses, je sens cette douleur caractéristique de la frustration au creux du scrotum. Cela semble beaucoup t’amuser, vilaine !
Nous nous attablons avec un couple de tes amis. La demoiselle à coté de moi parle anglais, aussi deux conversations se créent de chaque coté de la table, moi en anglais, toi et le jeune homme en français. Cela dure : J’ai peur que tu imagines que je tente de la séduire. Alors j’attrape tes doigts à travers la table. Nos deux mains s’emmêlent : nous sommes tous les deux. Plus tard nous guidons une jeune femme mutine dans une longue robe noire, laissant pigeonner ses seins nus, et son compagnon dans une visite du club, et les laissons dans l’intimité d’une des chambres. « Et si nous retournions au bar pour discuter ? On reste calme, et puis on va dormir dans mon camion à la fermeture ? » Désolé, petit ange, ma tête ne se vide pas d’une autre envie.
Je t’entraine dans les méandres des couloirs jusqu’à la chambre rouge. Les accessoires BDSM autour de nous ne m’intéresse pas. Seulement le besoin irrépressible de te dévorer. Tu crains avoir une légère indisposition, stoppant mon élan. Quelques baisers, et tu me pousses contre le lit rond, rouge, au milieu de la pièce. Toi aussi, tu as faim, petit ange lubrique. Tes doigts se perdent sur ma ceinture, trop d’empressement, je t’aide, tes mains qui trouvent à nouveau ma queue, ta bouche qui plonge, tes lèvres autour de moi. Je sentirais presque ton soupir de soulagement sur mon gland. Ai-je déjà senti autant d’empressement chez une autre ? Je me rappelle de ta main sur mes fesses un peu plus tôt. Je crois que peu de mes partenaires ont manifestés autant d’enthousiasme pour mon corps. Me sentir jouet entre tes mains.
Nos bouches qui se dévorent encore. J’en profite pour glisser un doigt en toi pour te gouter. Je me confesse : « J’ai triché… » Tu es délicieuse. Je t’allonge sur le lit. Toujours ton sourire. Mes lèvres qui descendent, embrassent le haut de ta poitrine, vite, vite, trouver ton centre chaud, satanée culotte que je peine à enlever, enfin l’odeur de tes poils, ton sexe sous ma langue. Ce gout un peu acre. Le bonheur de cette caresse, mes doigts au fond de ton ventre, mes lèvres qui t’aspirent, retrouver un souffle, entendre tes gémissements. « Et là ? – Non, pas là. » Ma main restée libre qui trouve la tienne. Trouver tous les contacts possibles. Cette danse folle… Ton cou que je serre. Ce petit défi de ne pas joindre nos ventres qui nous arrête encore…
Retrouver un peu de calme. Echanger la pulsion du désir contre de la tendresse, de nouveau dans l’eau mouvante du grand bassin. Il est temps de partir. Un pique-nique improvisé sur l’hippodrome, au milieu de la nuit, la lune et les étoiles, et nous allons trouver ton lit sur roue. Des souvenirs de mon break australien qui me revienne en mémoire. Un cocon, encore une fois.
Les images qui s’emmêlent de la fatigue qui s’accumule. Le gout de ta chatte, encore. Une envie… « Au dessus ou au dessous ? me demandes-tu. – Comme tu veux ! – Fatigue, je reste en dessous ! » Quelques mouvements maladroits pour évacuer mon pantalon, et j’enjambe ton visage. Nos enthousiasmes qui s’entredévorent… Evidemment, je ne maitrise plus rien. L’idée de ne pas envahir ton ventre est de moins en moins tenable. Tu devines : « T’as une capote ? » Je cherche dans mes poches. Je l’enfile. Je bande dur, quand même, cela faisait longtemps. Tu m’enjambes, tente de me circlure. Pas dur à ce point-là. Je prends mon sexe entre mes mains pour le guider dans ton ventre. Ta chaleur autour de moi, enfin. Décidément, pas assez dur pour que tes mouvements ne soient pas maladroits. Je saisis doucement tes mains pour les joindre dans ton dos, et reprendre la direction des opérations. Visiblement, ça ne te convient pas… « Prends-moi en levrette ! » La manoeuvre est tout de suite plus évidente. Je ferme un peu les yeux, tout à la sensation de ton ventre ouvert devant moi. Je me perds en regardant tes hanches pleines. Mes mains sur ta peau invraisemblablement douce. Des caresses, quelques fessées… J’attrape ta gorge, encore. Nous le savons tous les deux, ni l’un ni l’autre ne jouirons de l’étreinte, mais chaque mouvement est une petite délivrance.
Nous sommes côte à côte, fatigués, mais heureux. Nos mains se cherchent encore un peu. Puis nos lèvres qui se mangent encore. Je finis par enlever le plastique, tu te retournes, et c’est dans mes bras que tu t’endors. Le bonheur de ton sommeil abandonné contre moi. De mon coté, je peine à dormir. Tu es juste là, blottie, tellement douce. Des bribes de sommeil pour, à chaque fois, te retrouver à mes cotés.
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Le lendemain matin, le temps se fait court. Quelques phrases échangées, un dernier baiser sur le capot de ma voiture, des sourires, et te voila partie. Derrière mon volant, je prends quelques secondes pour savourer encore ces instants…
Puis, après m’avoir assuré que tu étais rentrée sereinement, plus de nouvelles… Je me suis fait baiser ? Ai-je rêvé nos regards échangés, le désir dans tes yeux, dans tes gestes, la tendresse dans tes caresses ? Quelle est donc ta version de cette journée…