Que fais-tu quand elle n’est pas qu’à toi ?

2015
22.03

Des vagues… Tu divagues, entre deux eaux. « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? »

Tu te noies, dans des bras, qui te tirent vers le fond ? Ou t’aide-t-il à ne pas te perdre dans les méandres d’un chagrin impossible à regarder ? Ne te mens pas. Tu cherches là l’oubli qui n’arrive jamais à t’habiter, et en ça, tu n’as pas changé.

Incapable. Stupide. Incapable d’aimer celle qui t’appartient. Tombant amoureux de celles que tu ne touches pas, ou pas assez. C’est facile, n’est-ce pas, de tout donner à celle qui ne le prendra pas ? Tu ne prends pas de risques, celui de la faire souffrir. Celui d’assumer que tu peux faire mal.

As-tu regarder les dernières femmes pour qui tu t’enflammes ? Oui. Le même schéma. Elles ne sont pas à toi. Elles te donnent leur corps, elles te donnent leurs yeux plein de promesses, leurs bras plein de tendresse et de désir. Et toi tu les aimes, comme un fou, tu les écris, tu leur ériges des autels au pied desquels tu te recueilles, te flagelles, trop stupide pour voir que tu construis ton propre désespoir.

Bien sûr, la jalousie te fait vivre, ne jamais l’avoir à toi fait que tu passes ta vie à les séduire, tu fais le paon, brandissant toute ton âme en étendard de couleurs chamarrées.

As-tu, auras-tu seulement le courage d’essayer, si celle que tu dis attendre se présente ? Pourras-tu arrêter de voir la vie comme une épreuve à traverser, t’érigeant toujours plus de remparts à franchir, de barrières à briser ?

T’avoueras-tu que tu aimes ce déséquilibre, funambule au dessus du vide au fond de toi. Trouveras-tu la force que dis-tu tes parents t’ont donnée, de redescendre au sol, de trouver l’équilibre qui pourrait t’offrir le bonheur, le vrai ? La plénitude qui te remplirait enfin ?

Bien sûr que non. Lâche, tu vas continuer à errer, te gargarisant de ton malheur, l’éclaboussant à la face de ceux qui voudront bien l’écouter, créant ce côté torturé, parce que tu sais que cela plaît. Et quand viendra ton tour de nourrir les vers, tu seras seul. Aucune âme ne t’accompagnera dans le vide.

Souviens-toi de cette phrase que tu ériges en leçon pour les autres mais que tu ne suis jamais : « La liberté, c’est assumer ses choix ». Toi, tu ne choisis pas. Tu prends tout, et tu n’as rien. Et tu trouves le moyen de t’en plaindre.

Continue à écrire, pour personne, tes tourments sentimentaux que tu crées de toutes pièces. Et abandonne-toi dans ces bras que tu chéries d’autant plus qu’ils finiront par t’abandonner, un jour ou l’autre. Feras-tu un jour les sacrifices qu’il faut ?


Tu n’es pas clair. Tu as appris à accepter que le corps de l’autre, que tu as fait tien, passe dans d’autres mains. Tu as appris à aimer une qui n’était pas à toi. Tu étais le compagnon, ou l’amant. Mais là ? Un peu à toi. Un peu à d’autres. Sans doute avec la même intensité, avec la même flamme dans le regard. Et tu deviens un parmi d’autres, chéri, certes, mais pas unique. Nullement original. Peux-tu supporter ça ? Un jour tu seras comme toutes les cendres, mais vivant, tu es différent. Tu te le dois ?

Tu sais ce que tu devrais faire. « […] puisqu’il est cruel, vous fûtes sot de ne pas, cet amour, l’étouffer au berceau ! », dit Roxane. Tu en as déjà étouffé d’autres. Quelques jours, et cette sensation si belle, si exceptionnelle, tu n’en fais qu’un souvenir légèrement teinté de mépris et de regret. Tu sais bien pourquoi d’un coup, tu cours non plus à l’assaut d’autres corps, mais d’autres cœurs. Pour te prouver que toi aussi, tu peux aimer double, ou triple… Que ce n’est pas un mensonge. Pour ne pas être en retrait, non ? C’est un jeu de dupes, encore un. Tu es curieux, mais tu veux te protéger, surtout.

Vas-tu courir la Bretagne pour la retrouver ? Vas-tu accepter qu’en la quittant, son âme ira déjà courir en pensée vers un autre ? Tu t’es déjà réservé une possibilité d’une autre rencontre, même pas rentré chez toi. Pour ne pas trop penser à elle en rentrant. Pour te prouver que tu es dans le désir, et non dans le besoin ?

Ne crois-tu pas, au fond de toi, qu’un amour naissant qui n’est pas exclusif n’est pas complet ? Une manière de te mentir ? Tu vas aller voir ? Tu vas continuer à te faire mal ? Au moins, ça te détourne d’autres douleurs. Et tu meurs de sentir son joli visage entre tes mains. Tu mendies ce pincement dans ton cœur sec. Et tu vas le mendier longtemps.

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