Il y a cette brillante prof de Français, si jolie, et qui m’en veut toujours de ne pas être amoureux d’elle, mais avec qui les parties de jambes en l’air sont toujours plus chaudes, même après la rupture. Une relation qui oscille entre le vide chronique de nos conversations puisque faisant partie tous les deux des gens qui se taisent quand ils n’ont rien à dire (nous verrons plus tard que cela ne s’applique pas toujours…), et la connivence de deux esprits qui se reconnaissent et qui s’émerveillent souvent.
Il y a Elle. La première. Celle qui m’a finalement fait si mal aimer les autres, et qui reste là malgré mon départ de ma contrée natale, toujours entre la tendresse qu’on n’a sans doute que pour une sœur, et le désir pour celle à qui l’on a pas assez fait l’amour.
Il y a Rallio, celle qui a ramassé les pots cassés, et essuyé les plâtres et mes larmes sèches.
Et puis il y a Lui. Lui sur les épaules de qui je vais remettre toutes les pulsions qui me pousse à retourner coucher avec une jeune fille que cela fait trop souffrir, qui fait que je regarde la chute de reins des filles dans la rue alors que je suis un garçon bien élevé, lui qui me fait souvent ressembler au loup de Tex Avery, lui que les filles aiment bien, malgré tout, même si elle passe leur temps à dénigrer son comportement. Lui avec qui je vais dialoguer, en fait, toute ma vie durant, marchandant un répit pour laisser place aux sentiments, lui qui va me supplier de mettre fin à ses souffrances certains soirs solitaires, et que je regarde depuis que j’ai une sexualité en pensant que j’aurais vraiment dû être lesbienne.
Enfin, toutes les filles qui passent, dans la rue, dans le métro, dans le train, dans les bars, sur internet, et dans ma vie, parfois. Ces filles que je remarque parce qu’elles sourient, parce que des hanches un peu plus larges vont me rappeler un amour raté, parce qu’un bout de ventre sera plus subtilement dévoilé, parce que des yeux seront plus hardis, des lèvres plus humides.
Voilà les personnages.
Dans mon dialogue, il n’y a pas de garçon. Dans ma vie très peu aussi, finalement.
(Edité le 4 mai 2005)