La trentaine du spermatozoïde

Départ


2009
16.04

Parce que je suis fait des départs affectifs que je suis incapable d’accomplir ailleurs.
Parce que je lâche toujours les amarres avant de savoir où partir.
Parce que le cliché voudrait que je dise, mais que tu ne peux pas l’entendre, que tu es la plus belle personne que j’ai jamais rencontrée.
Parce qu’envers mes désirs, mes faiblesses, mes peurs, et tout ce qui fait que ce ne sera finalement pas nous.
Parce que j’espère, comme je ne l’ai jamais espéré pour aucune autre, que tu trouveras quelqu’un qui t’aimera beaucoup mieux que je n’ai pu le faire.
Parce que je sais que je l’envierais.
Parce qu’il n’y en a sans doute pas une deuxième comme toi.

Je t’aime.

(The reason, Hoobastank)

Sauter le pas.


2010
18.04

La peur. Encore elle. Alors que le soleil est haut dans un ciel couvert qui me rappelle qu’une poussière avionphage recouvre le continent. Curieuse ironie, voilà des mois qu’un simple billet d’avion me cloue parfois au sol. Que je n’ai même pas en poche.

La trentaine désormais bien là, j’ai, enfin, décidé de partir. Abandonner toutes les amarres, les bonnes comme les mauvaises, et tenter un nouveau départ dans un Eldorado remastérisé 21ème siècle. Et tant qu’à partir, autant aller le plus loin possible, sur un autre pays-continent, bien loin de celui qu’on essaye ici de construire, aujourd’hui coupé du monde.

J’essaye surtout d’abandonner ce qui me paraît pourrir ma vie depuis trente ans. Toutes ces petites manies, ces petits tas de papiers que je ne sais pas jeter, ces petits ancrages qui ne quittent que trop lentement mon esprit.

Des fois, je sens mon apathie partir, je sais que je suis déjà prêt. Il n’y a plus qu’à. Un petit pas pour l’humanité, un grand pas pour moi. Quitter le sol natal, aller voir ailleurs, enfin.

En fait, je ne sais pas vraiment quoi écrire. Il me manque la conclusion qui permettrait le départ, et donc l’inutilité, enfin, de cette peur que ces lignes racontent. Combien de temps encore. L’esprit s’embrume par vague. Refuse tout nouveau pas.

Encore une fois : Je ne sais pas.

A la prochaine étape…


2010
29.05

Dans une semaine, je serais dans un avion entre Paris et Hong-Kong, en direction de Perth, Australie. Difficile de faire plus bout du monde. Enfin. L’idée d’un bilan me vient entre la montagne de choses qui restent à mettre dans des placards et les gens que je vais laisser là pour ce qui semble une éternité. Et peut-être de raconter la femme formidable qui a fait que j’ai si peu écrit l’année passée.

Je lai rencontrée, comme mes dernières conquêtes de l’époque, au détour des fantasmes dont je trouvais les partenaires sur internet. Un rendez-vous au bord du canal Saint-Martin, une discussion où j’étire mes plumes d’esbroufe, tapant au coin de son intérêt en parlant d’un projet qui courre dans ma tête et qui me mènerait à Istanbul et Ankara, alors qu’elle nourrit une passion pour la Turquie. La nuit s’écoule jusqu’au lendemain après-midi, si je me souviens bien… Je ne me souviens de rien qu’elle m’aurait raconté, d’ailleurs. Une certaine complicité, je crois, qui dut me rappeler une ancienne amante, partie, elle aussi, de l’autre côté d’un océan.

Toujours aussi solitaire, mon temps lui fut acquis… J’appris avec le temps à comprendre ce qui la jetait dans mes bras, mais j’appris surtout à l’aimer, comme je le disais plus tôt, comme la femme la plus proche jamais connue, un alter-ego si longtemps cherché. Notre relation passa, comme une lente glisse, des amis-amants au couple… Présentation informelle des parents, échange entre amis dans des soirées réussies ou non. Un partage comme jamais.

Mais si mon esprit était plus simple, je ne serais pas toujours au bord de commencer ma vie, sans jamais y parvenir. Je l’aimais d’un amour fort, mais loin d’être assez exclusif pour remplir mon besoin d’une sorte de princesse, que j’ai longtemps combattu tout en courant derrière. C’est au seuil de la rejoindre dans un pays non-désiré que j’en vins à l’abandonner. Je n’étais pas heureux. Pas amoureux.

Je me maudirais sans doute longtemps de ne pas avoir saisi la chance de vivre aux côtés d’elle. Je la sers encore contre moi certaines nuits, bénissant le monde de l’avoir mise sur terre, parce que sans elle, le monde serait moins beau.

A la veille d’un nouveau départ, solitaire, j’espère surtout que nous ne nous oublierons pas. Il y a bien des formes pour se lier à quelqu’un. Et tellement sont périssables. Mais si quelques-uns ont pu me donner la force d’aller me chercher, elle en fait indubitablement partie.

Le bonheur


2011
08.02

Et puis un jour, j’ai eu 31 ans. J’étais à Brisbane, ce jour-là, et je me souviens que ce fut, comme souvent, un jour de solitude. La veille était sans doute la dernière fois où je pouvais me faire croire être encore dans la vingtaine. Non, 31 ans, j’étais définitivement passé du côté des sub-vieux cons. Quelques semaines avant, deux allemandes accortes s’étaient soudain rabougries en attendant mon âge et celui de mon camarade de plage nocturne, et certaines jeunes filles tout à fait à mon goût commençaient à me donner du vous.

En même temps, qu’y perdais-je ? J’avais maintenant une excellente excuse pour me faire rembarrer par les adorables greluches qui m’ont toujours fait craquer, et qui seraient désormais trop jeunes pour moi, moi qui n’ai jamais réussi à me les dire trop connes pour moi. J’arrivais le plus souvent à me trouver beau, et de fait, mon corps ne m’allait plus trop mal.

Je m’apprenais chaque jour un peu plus, moi qui croyais déjà avoir tout vu de moi. Je me savais extérieurement prétentieux et intérieurement manipulateur, je me retrouvais également borné et autoritaire. J’avais sans doute été un jeune con. J’entamais sérieusement la pente pour en devenir un vieux, tombant sous le coup des vers de Brassens. Il était vraiment temps que ca change, ou je me changerais de célibataire fringuant en vieux garçon aigri. Hélas, connaître mes défauts ne semblait pas m’aider à les combattre. Je ne pouvais que m’excuser de ce que j’étais, mais combien de fois peut-on s’excuser pour la même chose ?

Je comptais les gens qui me manquaient vraiment sur quelques pouces, et même ceux-là, pourquoi me manquaient-ils ? Les aimais-je seulement assez pour les connaître vraiment ? Comme cette femme que je prétendais encore chercher, avais-je l’image, ou le négatif ?

Je n’avais rien. Le coeur vide, les mains incapables. Mais j’avais au moins appris une chose, un soir, au coin d’un feu au milieu des Blue Moutains. Je n’avais pas le sens de la vie, c’était certain. Mais je savais désormais qu’à certains moments, quand le présent suffit, le sens de la vie… Ca n’a aucune importance. Et j’étais au moins libre d’aller chercher ces moments où je pourrais les trouver. Finalement, ça ne m’allait pas si mal, la trentaine.

On the mood


2011
16.09

Le retour en France fut difficile… Finalement, l’adage était vrai : On ne fuit jamais ses problèmes. J’avais pourtant vécu tant de choses. Et tant d’autres échecs, aussi. Je me souviens m’être dit très tôt que je ne devais surtout pas oublier. Et pourtant.

De l’Australie, je devais garder la conscience que l’on a besoin de si peu, finalement. Et que, surtout, être chez soi, c’est une sensation qu’on peut éprouver n’importe où, pourvu que quelque chose nous y rattache. Je me suis senti chez moi face à la beauté de certains endroits. Je me souviens surtout des falaises bretonnes. Mais chez soi, c’est surtout là où ceux qu’on aime se trouve. Et là était tout le problème : Je ne sais toujours pas aimer. De séductions, amicales ou amoureuses, en séductions, certes.

Je l’avais perdue. Celle que j’espérais une amie sans précédent, que j’avais rêvée compagne de toute une vie, n’était finalement, j’aurais dû le savoir, qu’une ex comme les autres. Je ne sais ce qui serait arrivé quand mon chemin m’aurait conduit dans les bras d’une autre aimée. Mais elle, elle rencontra évidemment quelqu’un d’autre, et de malentendus en ressentiments, nous nous quittâmes. Et elle a laissé un vide béant, où je voyais en elle une raison suffisante. « Le monde est beau parce que tu en fais partie », lui disais-je toujours, reconnaissant en elle une âme sœur, de celle qui peut comprendre. Là où elle entendait des mots d’amour, et ne les écoutait sans doute que pour cette raison.

La solitude devint une compagne plutôt constante, paisible, et mortifère. Et malgré la présence encore palpable de certains désirs, heureusement assouvis par quelques compagnes déjà explorées, je ne cherchais finalement même plus à m’en détacher. Je savais encore que des êtres d’intérêt existaient, bien cachés quelque part. Mais je me sentais de moins en moins capable de les assumer. Il faut devenir quelqu’un, savoir se regarder, avant de demander aux autres qu’on pourrait admirer de le faire. Les failles ne sont belles que si elles sont les preuves d’épreuves traversées avec succès. Tout le monde se fiche bien des fractures du vaincu.

Alors je m’entêtais. Stupidement, jusqu’à l’absurde. On nous montre tellement ceux-là qui réussissent à force d’obstination. J’en voulais tellement à ces autres que je croyais aimer et qui renonçaient, n’oubliant pourtant pas combien ma condition, mon absence d’obligation, ou de responsabilités, me permettait cette obstination.

J’en étais là. Les mains encore plus vides ; Mais sans gouffre pour m’engloutir. Je rêvais de poser mes valises dans une vie tranquille, pour quelques temps, pour réaliser d’autres envies, trouver ces êtres dont je pourrais peut-être apprendre à faire des amis. Mais le vent soufflait encore, il semblait me pousser encore à la dérive, douce dérive.

Adolescent, je me voyais seul. Jeune adulte, j’avais cru échapper un temps à ce fantôme. Mais maintenant, cela me prenait à la gorge. Je porterais encore ma solitude quelques temps, sans doute. Alors je devais au moins trouver les rivages où elle serait plus douce.

Revenons à nos bergères.


2011
29.09

Voila longtemps que je ne parle plus directement de femmes, ici. Il faut dire qu’avec le passage à la trentaine, j’ai sans doute mis un peu d’ordre. Enfin, que la chose est passée au second plan. J’ai sans doute réalisé que je n’aimerais ni ne me laisserais aimer que lorsque je considérerais l’avoir mérité. Et que je n’ai plus besoin d’ajouter un +1 sur un tableau virtuel pour ne pas me sentir aussi laid que quand j’étais un ado solitaire dans sa chambre de gosse. Oh, bien sûr, je reste obnubilé par le fait que je n’ai jamais les filles qu’il faudrait, que les « hot » que les marchands de séduction qu’on croise maintenant sur le net prétendent collectionner ne sont pas pour moi. Conscient que pour moi ça n’arrive en général que par hasard, ou peut-être même sur un malentendu vite dissipé. Mais je me rends compte aussi que j’ai envie de raconter celles qui sont venues depuis.

J’en étais resté sur un ou deux chiffres épinglés ici. Et ce parcours, je le vois comment, presque cinq ans après ?

Amélie a volé mon cœur pour longtemps. Morgane n’avait pas su me montrer qu’elle le réveillait presque. Yasmine avait mon amitié, et mon lit. Emilie m’avait effrayé par une parole en s’empalant sur moi. Sandrine avait passé son innocence dans mes bras. Magali m’avait offert la sienne. Rallio m’y avait fait croire un moment. Charlène avait sans doute épongé cette douleur-là. Titi et son mari m’avait ouvert leur lit pour une nuit. Ils ont fini par se séparer après quelques années à tenter d’oublier que Romu fut infidèle en amenant des hommes au milieu d’eux. Lamia m’avait fasciné, et me fascine toujours, d’ailleurs. Mais elle partie loin, la jeune Apolline m’avait fait tourner la tête, sans pour autant se laisser tomber dans mes pattes. Peut-être à cause de cela. Pauline m’avait fait partager son lit et sa vie un court moment. Emmeline m’a affolé sur un quai de métro, ou devant un soleil d’hiver qui se couche sur les marches du parvis de la Défense, le regard perdu vers le cimetière, et mes doigts vers son pantalon. Charlene et sa culotte étoilée m’aida à casser mon canapé-lit. Tu parles d’une nuit ! Nathalie m’avait accueilli chez elle, m’offrant de réaliser un beau fantasme, et de passer une sacré nuit… Lucile s’était égarée parfois par mon petit appartement parisien, jouant sans y croire aux jeux d’enfants d’un film si triste. Sonia m’a fait découvrir sur elle tout un monde de fantasmes, partageant chaque désir, chaque envie nouvelle. Anaïs se laisse conquérir, pour mieux retourner vers celui qu’elle aime. Emilie tente d’oublier son ennui probable et ses complexes certains en s’allongeant sur mon lit, toujours sur le ventre. Amusant de penser qu’elle reprendra cet appartement quand je le quitterais quelques années plus tard. Je crois que c’est aussi dans cette période que Juliette me laisse arpenter ses lèvres, que je quitte pour aller tourner un reportage, et que je ne retrouverais pas. Charlotte m’accueille à Liège, vient sur Paris, partage son temps libre entre moi et un autre amant. Quand je pense qu’elle est mariée, maintenant. Impossible de se rappeler le prénom de celle qui avait clos la liste à l’époque. Ce n’est peut-être pas plus mal. (Elsa. Elle s’appelait Elsa.)

J’en étais resté là. J’avais fini mes études, et Dieu sait que je ne m’imaginais pas à l’époque ce qui allait suivre. On était en hiver, il y a donc presque cinq ans. Je commençais juste à entrevoir le vide qui allait suivre, même si mon lit ne le resterait pas tant que ça. Un coup de foudre, Céline, passa en coup de vent, et disparut, pressentant sans aucun doute le marasme à venir. Ca faisait 20. Il y eu une nuit passée avec Keren, une beauté noire rencontrée quelques mois plus tôt.

Avant de rencontrer Mathilde. Quelques jours après les fêtes de fin d’année 2007. Et encore dans les brumes de ma rencontre avec Céline. J’étais sans doute loin de me douter où cela, aussi, allait nous mener. Une histoire d’amour qui aboutira à la douleur de ne pas être amoureux d’elle, et à sa folie, heureusement passagère. Une histoire d’amitié, que j’eus la stupidité de croire éternelle, et qui se finit sur l’autel de son nouveau couple, au début de cet été. Notre relation fut libre, ce qui me mena dans quelques bras, dans d’autres fantasmes, qui auraient pu, peut-être dû être évités. J’avais 28 ans.

Désir en berne


2011
23.11

Et dire que j’y suis encore, dans cette chambre de gosse. Ca pourrait n’être qu’une métaphore. A dormir dans mon petit lit que j’ai quitté à 18 ans. Alors qu’aucune fille n’était encore passée par là.

Il y a donc eu Mathilde. Relisant mes pensées déposées ici depuis mon arrivée à Paris, je réalise que j’ai souvent eu cette impression de rencontrer quelqu’un d’exceptionnel, et de ne pas pouvoir l’aimer. Dans quelques années, je penserais peut-être la même chose de celle-ci. Le fait est que, comme les autres, c’est surtout mon désir qui faisait défaut. Quand je ne la regarde pas avec admiration quitter mon lit, c’est que ce sera un problème. J’ai cru que je pouvais savoir ma compagne dans d’autres bras sans en prendre ombrage, mais le fait est que si j’avais été amoureux d’elle, si mon corps avait vibré rien que par sa présence, je sais que j’aurais voulu la garder pour moi.

J’avais besoin d’un amour, quand j’ai rencontré Mathilde. Non que cette relation n’a pas été exceptionnelle. Mais je le cherchais dans les lignes échangées avec Elisabeth, la petite caennaise (j’ai fini par chercher sur google…) que je ne pus jamais rencontrer, dans la silhouette de Céline… Et je l’ai trouvé dans l’esprit de Mathilde. Mais pas dans son corps.

Et moi aussi, du coup, j’ai exploré d’autres lits, pour assouvir des fantasmes plus que pour découvrir d’autres peaux, d’ailleurs. Ce n’était pas une bonne idée. Mais au moins, j’ai découvert les limites de mes désirs. J’ai échangé avec beaucoup sur internet. Ma compagne vivant à Dublin, j’avais tout loisir de consacrer du temps à d’autres sans la départir d’une minute ensemble. Ainsi j’ai baisé Miguelle dans son appartement de banlieue, pendant que ses enfants dormaient dans les chambres et que mon premier amour occupait mon lit avant de trouver son propre chez elle sur la capitale. Cette dernière avait d’ailleurs trouvé l’un de mes jouets très divertissant, cette nuit-là. Bécasse, j’ai dormi à coté d’elle pendant un mois et demi. Ainsi j’ai baisé et fessé Géraldine sur mon canapé-lit, et affronter ma colère face à son propre désir inassumé, et ma capacité encore présente à la violence, qu’elle attendait s’abattre sur son postérieur offert.

Et puis, enfermé de plus en plus dans ma bulle parisienne que je n’ai jamais su vraiment percer, et épuisé de la présence permanente de celle qui avait tant compté, je suis retourné à Nantes. Là, j’ai retrouvé la chaleur de vrais amis, les raisons pour lesquelles j’étais parti, et la moiteur de la chair de certaine ex en manque de présence.

Et un jour d’avril 2009, à bout de désir, peut-être, et en pleine dépression, sûrement, je quittais Mathilde après un dernier voyage à Dublin. Elle s’effondra d’un coup quelques jours ou semaines plus tard, passant trois semaines dans un univers qu’elle même serait bien incapable de décrire aujourd’hui.

Plus tard, Alison croisait ma vie, d’abord dans une étreinte presque chaste pendant un guet-apens tendu par un ami chez moi, puis dans des étreintes estivales des plus sportives pendant une saison de barman dans la pointe bretonne. Je croisais le sourire d’une jeune et jolie serveuse, mais si je ne me voyais pas vieillir, il est probable que je fus le seul. Je revois Alison se moquer de moi parce que allongé sur elle, je fis un faux-mouvement qui inflamma mon dos pour le reste de l’été.

J’ai encore un peu poussé le désir dans ses limites, me retrouvant dans mon appartement avec une fille, Jenny, qui sentait la crasse, l’affrontement, et qui me suça comme une furie sans que je puisse résoudre mon pénis, bien lui en pris cette fois-là, à la baiser. J’eus cependant la chance de rencontrer Valentine, à peine majeure, dont l’esprit éveillé me soulagea un peu, mais dont le corps était bien trop absent pour que nos étreintes s’éternisent. Mathilde et moi étions toujours amants, au gré des hommes avec qui elle tentait de construire un couple, ou même pendant. Je lui racontais mes étreintes ratées, et elle la jalousie souvent justifiée que suscitait cet ami trop présent malgré la distance.

Mon désir était absent, faute d’avoir les yeux qui brillent devant la beauté d’une femme, et je continuais de combler mon manque affectif, sensuel et intellectuel avec celle avec qui j’aurais peut-être dû savoir mettre des distances, pour mieux être son ami…

(Edité le 23 février 2012)

Reprendre son souffle


2012
23.02

Avant mon départ à l’autre bout du monde, il y eut Marion, qui écrivit son numéro dans ma main avec un stylo à paillettes, et qui se montrait très joueuse, quand j’arrivais à l’amener jusqu’à ma couche. Mais qui me démontra plus tard que le « plan-cul » n’était pas vraiment fait pour moi. Et Rallio, qui continuait toujours à visiter son premier amour enfermé dans son petit appartement de célibataire.

Il me fallait peut-être une pause pour comprendre ce qui m’était arrivé jusque là. Plus par manque de succès que par volonté propre, l’Australie, après m’avoir offert une charmante italienne enserrée dans le clair-obscur d’un chemin le long de la Rainforest dans un petit village sur la route entre Sydney et Brisbane, m’amena même à ne plus me souvenir de la sensation du contact d’un autre corps contre le mien.

Une sorte de nouveau départ apparut pourtant sur les lèvres d’une toute jeune fille croisée dans les guest-house de Kuta, à Bali, qui après quelques jours de tergiversation toute adolescence m’avoua qu’elle avait mieux à faire. Mais elle avait réveillé en moi ces battements de cœur irrationnels que j’avais oubliés, et une légère peine que je chérissais d’autant qu’elle ranimait des émotions perdues. Et me distrayait sans doute de la peine plus grande d’avoir perdu l’amitié de Mathilde quelques jours plus tôt.

Le retour ramena les deux amantes laissées en partant, plus ou moins régulières. Mais l’énergie manquait pour courir à l’assaut de nouveaux bras… Des mois de marasme, à ne plus trouver le chemin d’une vie moins morne.

Et puis, un sursaut me conduisit à nouveau sur les routes, gagnant la première capitale venue pour sortir de mon pays devenu terre de souvenirs.

Alors la jolie Tia prit corps. Accostée sur le net par une connivence de point de vue sur les échanges de caresses, j’étais sans doute loin avant mon départ d’imaginer que quelques mois plus tard, je serais à faire une tournée des bars dans sa ville et que ses lèvres trouveraient les miennes au détour d’un jeu à boire sous le regard de son compagnon.

Et encore moins que quelques jours plus tard, hier, son corps s’enroulerait autour du mien au fond d’un canapé, avec les vieilles ritournelles diffusées dans un bar cosy couvrant le bruit des conversations provenant des autres alcôves ; Et que son charmant visage se nichant contre mon épaule, pendant que mes doigts cherchaient son plaisir, ranimerait chez moi de tendres émotions enfouies.

Echauffement


2012
29.02

Deux heures à s’apprivoiser. C’est timide, j’ai l’impression d’avoir 17 ans, mais je fais semblant d’être assuré… Tu m’emmènes dans un endroit que tu connais, dont tu m’as vanté les grands canapés et l’intimité que les petites alcôves peuvent apporter. Je continue à déblatérer, mais je crois que tu ne m’écoutes plus. Il n’y a plus personne dans notre alcôve. Et puis je lis dans tes yeux une évidence que je n’avais pas vu depuis une charmante jeune fille enserrée dans une boîte de nuit alors que j’étais encore vierge. Je me penche sur toi pour t’embrasser, tu as un goût sucré. On se regarde, peut-être un peu hébétés. Et puis je laisse un peu courir mes mains sur toi, timidement, mais ton corps répond si bien. Je trouve le chemin de tes jambes, tu me provoques, effleures mon pantalon… Je trouve déjà ton clitoris, mais ta culotte et tes bas me gênent. Tu enlèves tes bas sans discuter. Je me bats avec ta culotte quelques instants, tu ne veux pas que je l’enlève, fais semblant de te débattre, mais je tiens bon. Je sens enfin mes doigts qui s’enfoncent en toi, de plus en plus profondément pour trouver le point secret qui te rendra folle.

Je ne résiste pas longtemps avant de braver l’exhibitionnisme de la situation pour aventurer ma langue sur toi. Ton sexe m’enivre quelques secondes. Je remonte, t’embrasse, mais finis même par m’agenouiller entre tes jambes pour te gouter plus à mon aise. Pas longtemps, du monde passe dans l’escalier. On se regarde en souriant, et en faisant semblant de parler. L’éternité pour qu’ils s’en aillent, et j’enfonce de nouveau mes doigts en toi, tenant ta tête contre mon épaule pour sentir ton souffle se perdre. Tu n’as pas joui, ce n’est que partie remise. Je te vois encore relever ta jupe, taquine, avant d’aller te refagoter.

J’ai gardé ta culotte.

Dans ta chaleur


2012
05.03

Tia… Juvénile et si jolie. Et qui me rend charme pour charme. Dont la provocation gracieuse n’a d’égale que le sourire candide qu’elle pose sur moi chaque fois que je me noie dans son regard. Elle qui malgré les hommes que je sais nombreux à avoir gagné sa couche, garde une féroce innocence face au désir qu’elle provoque chez les autres. Et qui semble étonnée de mon émerveillement face à tant de grâce posée sur un seul visage.

Nous avons rendez-vous pour la deuxième fois, une semaine plus tard. J’ai par le biais d’une autre connaissance un plan bien établi sur la soirée que nous allons passer ensemble. D’abord, t’asseoir à une table, et profiter de la sensualité gourmande que je devine chez toi en te regardant manger. Tu m’as nargué dans la journée : « J’ai mis une jupe d’écolière », ricanais-tu. Nabokov n’avait qu’à bien se tenir, devais-tu penser. « Je t’apporterais de quoi te faire des couettes », avais-je renchéri, bien heureux de transformer mon amoureuse d’un soir en objet de fantasme, si tu ne l’avais pas déjà été. Tu es arrivée, toujours le pas léger et l’air enjoué, m’offrant tes lèvres dans un empressement plein de tendresse. Si ça ne se voit pas, en tout cas souris-je intérieurement jusqu’aux oreilles.

La discussion prend place entre nous avec un naturel que j’avais craint plus laborieux. Les émotions que je vois défiler sur ton visage me comblent, tant ton minois semble incapable de dissimuler une sensation. Tu me provoques gentiment, minaudant parfois, le menton rentré, projetant outrageusement vers l’avant ta poitrine. Nous rions sous cape de la maladresse du serveur dans une tentative de trait d’esprit, imaginant le trouble de ce dernier, et moi visualisant l’incongruité de cet homme attablé face à une écolière de manga. Tout est prétexte à frôlements, échange de baisers, et mains baladeuses. Je peine à manger, absorbé par ton regard, mais nous finissons par sortir, ta main dans la mienne, l’air guilleret des amants vissé au coin des lèvres, nous qui ne le sommes pas encore.

Nous sommes à quelques pas de l’endroit où je désire t’amener, et ton acuité à deviner le genre de lieu qui t’attend m’agace ! Evidemment que j’ai imaginé un moyen de te mettre de nouveau sous mes mains. Une entrée froide, un ascenseur, des baisers échangés, et nous sommes sur le toit d’un parking du centre de Bruxelles. Mes intentions frivoles hésitent, disputées par la tendresse de la situation… Au loin, le faîte de la tour s’élançant de la Grand place, et le ciel jaune et rouge de la pollution se perdant dans les nuages. Tournant autour du parking pour trouver un endroit plus propice à notre intimité, nous remarquons des présences décidément trop fréquentes. Je te prends donc dans mes bras, mes lèvres contre ton cou, les yeux perdus au loin, quand tu frottes tes fesses contre mon pantalon : Mouvement divin du bas vers le haut qui ne tarde pas à faire son effet alors que mes mains soulèvent ta jupe. Je te connais une appétence certaine pour l’exhibitionnisme, mais je ne peux pas en dire autant.

Mes doigts trouvent pourtant ton sexe déjà humide, et le petit bout de métal chaud qui en garde l’entrée. Tu frémis au tressaillement que provoque la première pression sur l’engin, et je sens ton corps qui s’abandonne. Quelques secondes de ce manège, et tu te tournes vers moi pour m’embrasser à pleine bouche. « Fais-moi jouir », me glisses-tu à l’oreille. Je ne me fais pas prier. Appuyant tes fesses contre le béton froid du mur d’enceinte, ton dos contre le grillage, je plonge entre tes jambes pour redécouvrir ton parfum goûté la semaine passée. Ma langue joue sur toi, peu de temps pour que notre manège ne te dévoile pas trop encore, et mes doigts s’enfoncent en toi, jouent à trouver ton sphincter frémissant, reviennent dans ton sexe pour t’emplir. Je remonte trouver ta bouche, et fichent mes doigts en toi, profondément, pour vibrer contre la paroi de ton vagin. Bientôt ta propre main vibre à côté de la mienne. Il ne faut que quelques minutes de ce jeu pour que ton corps se fasse plus lourd entre mes bras, et que je te sente défaillir, tes jambes se dérobant sous ton poids. Ton sexe frémit encore contre ma main tandis que je flatte ton clitoris, le plus doucement possible pour ne pas t’électriser.

Tu rabaisses ta jupe, me tournes le dos pour revenir contre moi, et me murmure, un sourire dans la voix : « J’ai envie que tu me prennes, maintenant, c’est malin ! » Malgré la difficulté de la situation, il ne faut plus me le dire deux fois. Déjà je relève ta jupe sur les hanches que tu cambres vers moi, te moquant des passants qui pourraient voir cette tâche blanche entre nous deux. Je plonge mon visage contre ton cul offert, alors que ma main trouve ton bouton et que mes doigts te fouillent encore. Ma langue s’aventure contre ton sphincter, et tu ondules à chaque pression. Me relevant, j’ouvre mon pantalon pour sortir ma queue contre tes fesses, et sors de ma poche un préservatif que j’enfile au plus vite pendant que tu te caresses. L’une de mes mains reprend le chemin de ta chatte pour me frayer un chemin, tandis que tes deux mains saisissent ma hampe et me caressent avec douceur. Tu sembles déjà me connaître par cœur. Je m’abandonne au mouvement délicat de tes paumes.

Posant tes mains sur tes fesses, tu les écartes largement, impudique, agrandissant ta fente devant ma bite dressée, tandis que je plie mes jambes pour poser mon gland contre tes lèvres ouvertes, retire mes doigts, et fais glisser tant bien que mal mon sexe au fond de toi. Je sais que tu dois fermer les yeux, et mes mains t’enserrent, agrippant l’un de tes seins et ta gorge pour tourner ton visage vers moi. Mes lèvres t’explorent tandis que mes hanches coulissent délicieusement contre ton cul. Le plaisir me saisit plus intensément que d’habitude, mes mouvements contre toi sont langoureux tandis que tu bouges ton bassin à la rencontre du sexe qui te remplit. Je songe que tu voudrais que je jouisse vite, j’imagine ton sourire satisfait de petite femelle comblée à sentir les spasmes du sperme qui s’expulse au fond de ton ventre.

Mais un mouvement trop ample de tes hanches impatientes me déloge de la chaleur de ton sexe. Je voudrais te reprendre, mais je connais trop bien la raideur qui me quitte, si souvent quand j’explore de nouvelles contrées. Tu sembles surprise de ne pas me sentir en toi de nouveau, agrippes mon sexe encore une fois, t’offres à moi de nouveau en me faisant face, le doigt jouant dans ta chatte. Je calme tes mains, déçu devant ton air gourmand. Tu souris timidement en soufflant : « C’est un joli avant-goût », puis me donnes un baiser. Tu te rhabilles, examinant subrepticement le parking autour de nous, quand je prends ton visage dans mes mains pour mêler ma langue à la tienne. « J’ai envie de sentir ta bouche », dis-je en t’embrassant. Juste quelques secondes de tes lèvres autour de moi. Tu t’exécutes en t’agenouillant face à moi. La distance avec toi me gène, mais je sens ta bouche qui m’enserre. Le froid et la sensation de ton sexe encore autour de moi engourdisse mon plaisir. Je regarde ta gorge me prendre d’assaut. Tu me suces avec douceur, engloutissant tout mon membre avec délectation. Je te laisse faire, mon regard captivé par ta silhouette abaissée face à moi, puis me baisse pour retrouver la vivacité de tes lèvres contre les miennes.

Tu te relèves, tes grands yeux plein de désir encore, et te sers contre moi, mon pantalon encore ouvert. Mon corps s’apaise vite, et je ferme mon grand manteau autour de nous deux dans le froid qui nous reprend. Nous regardons au loin, imaginant ceux qui ont pu passer dans notre dos pendant que nos esprits étaient ailleurs. Je pense à la future nuit que nous passerons ensemble, et je souris.