Les coups de pied au cul

Litanie


2021
10.03

La litanie des jours qui passent. Toujours le même café. Toujours les mêmes séries sur l’écran. Le même lit que je rejoins pour trouver la chaleur de ma chatte. Le même alcool, le soir, qui réjouit artificiellement les neurones endormis.

La même solitude, tendre amie, qui accompagne.

Un sourire


2021
02.04

Un week-end. Coincé entre la douleur et la peur de ce qui arrive.

Mettre tout le bordel dans une des pièces de l’appartement. Rendre le reste présentable. Attendre…

Tu arrives dans ta voiture de fille. Tu es toute pimpante, apprêtée… Tu sens bon le sud et la joie de vivre. Un sourire ne quittera pas mes lèvres. Une vraie petite gravure qui se faufile dans mon antre.

Tout est si naturel… Je n’avais pas ressenti ça depuis cette demoiselle, alors que je n’avais encore jamais visité le corps d’une femme. Je te raconte ?

Une nuit en boite


2021
06.11

Il y a plus de vingt ans que je me trémoussais sur cette même piste de danse. A l’époque, j’étais le chaperon de mon ex et de ses deux copines. Les trois pétasses auto-proclamées. Quand je rapportais à cet ancien amour que danser avec l’une de ses amies avait provoqué un début de réaction physique, cette dernière se mit en tête de produire le même effet, donnant à l’ensemble des présents le spectacle d’un couple qui semblait manquer de limites. A tel point qu’à la nuit, dans son lit que nous partagions, je ne me rendis compte qu’elle était tombé instantanément dans le sommeil et qu’elle ne jouait donc pas celle qui se laissait faire qu’avec deux doigts au fond de son sexe. Cela la fit rire le lendemain, quand elle me demanda pourquoi sa culotte, au réveil, était sur ses chevilles.

Et ce soir, j’ai bientôt 42 ans. Je suis évidemment bien trop vieux, déjà. Je regarde toutes ces jeunesses danser et sourire dans une euphorie contagieuse. J’admire tous ces minois de femmes à peine sorties de l’enfance, je me berce et dévore ces images. Une si jeune femme, aux traits si doux, si fins, un carré court, un petit ange au milieu de la foule, fringuée d’un baggy informe et d’un débardeur trop large. Si j’avais quelques années de moins… Le genre de fille pour qui, adolescent, je me serais ridiculisé d’amour insatisfait. Lui dire, lui demander, si elle sait à quel point elle est jolie. Qu’elle ne laisse jamais qui que ce soit la faire douter d’elle-même. La remercier pour cet éclair de joie de la contempler.

Ces jeunes femmes que je ne découvrirais plus dansent, et avec elles mes yeux qui ne savent où se poser. Passer ma vie à regarder de jolies femmes, je crois, suffirait à mon bonheur. Retrouver ce bonheur de ne pas savoir. Ce frisson insensé à la simple idée de passer un doigt dans ses cheveux. Revivre encore et encore chaque étape d’une première fois. Savoir goûter chaque seconde de cette étreinte, chaque étincelle dans ses yeux, retrouver l’innocence de mes mains qui ignorent ce qu’elles font, muées non par la technique, mais seulement par la faim de la découvrir. Sans calculs, sans intentions, dans la simple explosion du moment. N’attendre d’autre aboutissement que son sourire.

Confusions


2022
11.05

Toujours cet endroit magique, ce cocon de sécurité et de détente. Des souvenirs dans certains recoins. Le rebord du bassin mouvant où j’avais pénétré mon amour, la première fois que je m’y étais rendu, un homme seul s’approchant pour caresser sa poitrine. Le hammam où je me liais avec un nouvel ami ; Où, levant le nez du sexe d’une jeune femme, je constatais la multitude de pénis dressés s’étant tendus vers elle, qu’elle accueillait avec gourmandise ; Cette femme invraisemblablement belle, allongée au sol pendant que son compagnon la dévore ; puis à califourchon sur lui, son corps tendu à l’extrême, ondulante ; Enfin son dos, son sexe que ma main explore, la sienne qui caresse mon bras dans un unique et si intense échange de regards. Les alcôves, plus loin, où l’on se perd parfois, dans une intimité relative. Les sourires échangés, ces corps d’hommes et de femmes, vulnérables, touchants, parfois si beaux. Cet amour, cette franchise, cette bienveillance que tous nous tentons de partager.

J’y retourne encore, avec une femme pour qui mon désir s’est fané un peu vite. Je l’encourage à trouver le plaisir dans d’autres bras, ce qui ne tarde pas à se produire, et me retrouve à discuter, en serviette sur la terrasse. Je parle avec une amie que nous avons en commun en te repérant du coin de l’oeil. Moi qui suis toujours très discret, je m’installe plus tard dans un coin pour fumer, et tu m’interpelles, m’enjoignant à me joindre à toi. Tu es amicale. Enjouée. Un peu fofolle. Je me répète que je devrais arrêter de regarder des femmes beaucoup trop jeunes pour moi, en faisant la conversation, un peu distrait.

Quelques jours plus tard, je te retrouve sur les réseaux. Nous aimons tous les deux le même endroit… Pourquoi ne pas te proposer d’y retourner ensemble, une idée derrière la tête, mais partant du fait que discuter dans le jacuzzi avec toi devrait être déjà bien assez agréable. Je suis heureusement surpris par l’enthousiasme de ta réponse. Les discussions se rallongent, nous passons même toute une soirée au téléphone. Rapidement, nous prévoyons une séance photo improvisée aux Folies Siffait, improbables ruines de l’arrière-pays nantais, qui se finissent par un belvédère avec une vue imprenable sur la Loire.


Tu te changes dans ton camion, pudiquement retournée : Le désir de toucher ton dos, ta peau… Evidemment, je ne manque pas de faire le professeur en te parlant du lieu où nous arrivons. Je peux, sans trop de peine, me concentrer sur les paroles que nous échangeons aux multiples arrêts que nous faisons durant la ballade. Je tente de t’apprendre un peu, je me livre aussi, et la jolie demoiselle acquiert son identité dans mon esprit. Je reste, nous restons parfaitement sages. Il y a quelques signes d’un potentiel intérêt de ta part, mais cela reste difficile à définir. Et puis, ce n’est clairement pas encore le moment, d’abord déshabiller tes pensées, au moins un peu. Tu te confirmes joueuse, mais aussi triste, et un peu timide. La vie est encore une simple succession de jours, pour toi. Sur quelques photos, la courbe irréelle de ta croupe tendue sous ton jean.

Dans l’entrée du club, je m’amuse de te voir passer en trombe derrière moi pour aller au petit coin en courant. Nous y voila. Tu salues tes potes, mais insistes pour que nous nous attablions tous les deux. La discussion continue. Puis la première vraie pensée parasite de la journée : est-ce mon sexe qui gonfle à une pensée fugace ? Ou l’irrésistible envie de te prendre dans mes bras qui m’assaille suite à l’aveu d’une souffrance ? Je te notifie cette pensée parasite sans en préciser le contenu, et me reconcentre, avec un succès relatif, sur notre discussion. A partir de là, un espace en moi ne pensera plus qu’à établir un contact avec toi.

Tu te dénudes dans le vestiaire. Cela me parait incongru de te découvrir de cette façon. Je ne t’ai même pas encore effleurée. Mon regard s’attarde. Pas trop longtemps. Ne pas être inconvenant. Ne pas poser sur toi un regard que je ne suis pas sûr que tu désires. Ton espièglerie me transporte.

Nous barbotons dans le jacuzzi. Autour de nous, quelques couples enlacés, quelques hommes attentifs. Les bulles nous bondissent dans les yeux, les paroles sont plus difficiles à saisir. Nos corps se rapprochent… Par hasard. Ai-je déjà embrassé ton cou ? Tu lis de plus en plus clairement dans mon regard. « Tu veux m’embrasser ? », dis-tu. Je savoure le moment. Je laisse le temps s’égrener, en suspens. « Bien sûr », dois-je articuler. Je ne pense qu’à ça depuis que nous sommes là. Ce baiser scelle l’intimité que je voulais trouver avec toi. Nous cherchons les positions pour nous rapprocher, hésitant de ne pas trop vite nous trouver dans une situation qui nous mènerait vers des désirs moins sages. Pourtant mon corps a faim de sentir le tien.

Je te livre les interrogations qui m’assaillent depuis quelques jours en prévision de cet éventuel moment. Le besoin que j’ai que nous soyons plus que des corps l’un pour l’autre. L’envie d’être pour toi un souvenir un peu spécial : « Et si nous ne nous emboitions que plus tard ? » Et si nous jouions avec nos frustrations et nos désirs. Cette frustration, je la lis déjà dans ton regard avec un infini plaisir. Tu as autant envie de moi que je rêve sentir ton ventre s’ouvrir pour moi. Les caresses se font de moins en moins sages, ta main trouve ma queue. Je tressaille. La douceur de ta main qui m’enserre. Je dois gémir légèrement. De mon coté, je t’explore avec pudeur. Je caresse chaque parcelle de ton corps, te serre contre moi, évite les zones les plus sensibles pour t’enrober de tendresse.

Mais quand même : Je finis par empoigner tes fesses pour ramener ton ventre contre le mien. Ma main avide cherche le chemin de ta vulve, la trouve, sens ton corps vibrer, mes doigts sur ton sexe, ta main qui continue sa danse le long de ma hampe. Nos bouches qui se dévorent maladroitement, de ton visage trop haut par rapport au mien. Le doigt au bord de ton vagin, je t’interroge : « Je peux ? » Tu acquiesces, puis soupires de me sentir. Quand deux amants se trouvent, ils sont seuls au milieu d’une foule. Le monde disparait et tout se concentre sur nos deux chaleurs. Là, à écrire ces lignes, je sens encore mon coeur qui virevolte. Diable, pourquoi mes coups de coeur sont toujours si jeunes… Peut-être cette énergie primesautière que le temps n’a pas encore conduit à cacher derrière le sérieux des adultes. En sortant du jacuzzi, après toutes ces caresses, je sens cette douleur caractéristique de la frustration au creux du scrotum. Cela semble beaucoup t’amuser, vilaine !

Nous nous attablons avec un couple de tes amis. La demoiselle à coté de moi parle anglais, aussi deux conversations se créent de chaque coté de la table, moi en anglais, toi et le jeune homme en français. Cela dure : J’ai peur que tu imagines que je tente de la séduire. Alors j’attrape tes doigts à travers la table. Nos deux mains s’emmêlent : nous sommes tous les deux. Plus tard nous guidons une jeune femme mutine dans une longue robe noire, laissant pigeonner ses seins nus, et son compagnon dans une visite du club, et les laissons dans l’intimité d’une des chambres. « Et si nous retournions au bar pour discuter ? On reste calme, et puis on va dormir dans mon camion à la fermeture ? » Désolé, petit ange, ma tête ne se vide pas d’une autre envie.

Je t’entraine dans les méandres des couloirs jusqu’à la chambre rouge. Les accessoires BDSM autour de nous ne m’intéresse pas. Seulement le besoin irrépressible de te dévorer. Tu crains avoir une légère indisposition, stoppant mon élan. Quelques baisers, et tu me pousses contre le lit rond, rouge, au milieu de la pièce. Toi aussi, tu as faim, petit ange lubrique. Tes doigts se perdent sur ma ceinture, trop d’empressement, je t’aide, tes mains qui trouvent à nouveau ma queue, ta bouche qui plonge, tes lèvres autour de moi. Je sentirais presque ton soupir de soulagement sur mon gland. Ai-je déjà senti autant d’empressement chez une autre ? Je me rappelle de ta main sur mes fesses un peu plus tôt. Je crois que peu de mes partenaires ont manifestés autant d’enthousiasme pour mon corps. Me sentir jouet entre tes mains.

Nos bouches qui se dévorent encore. J’en profite pour glisser un doigt en toi pour te gouter. Je me confesse : « J’ai triché… » Tu es délicieuse. Je t’allonge sur le lit. Toujours ton sourire. Mes lèvres qui descendent, embrassent le haut de ta poitrine, vite, vite, trouver ton centre chaud, satanée culotte que je peine à enlever, enfin l’odeur de tes poils, ton sexe sous ma langue. Ce gout un peu acre. Le bonheur de cette caresse, mes doigts au fond de ton ventre, mes lèvres qui t’aspirent, retrouver un souffle, entendre tes gémissements. « Et là ? – Non, pas là. » Ma main restée libre qui trouve la tienne. Trouver tous les contacts possibles. Cette danse folle… Ton cou que je serre. Ce petit défi de ne pas joindre nos ventres qui nous arrête encore…

Retrouver un peu de calme. Echanger la pulsion du désir contre de la tendresse, de nouveau dans l’eau mouvante du grand bassin. Il est temps de partir. Un pique-nique improvisé sur l’hippodrome, au milieu de la nuit, la lune et les étoiles, et nous allons trouver ton lit sur roue. Des souvenirs de mon break australien qui me revienne en mémoire. Un cocon, encore une fois.

Les images qui s’emmêlent de la fatigue qui s’accumule. Le gout de ta chatte, encore. Une envie… « Au dessus ou au dessous ? me demandes-tu. – Comme tu veux ! – Fatigue, je reste en dessous ! » Quelques mouvements maladroits pour évacuer mon pantalon, et j’enjambe ton visage. Nos enthousiasmes qui s’entredévorent… Evidemment, je ne maitrise plus rien. L’idée de ne pas envahir ton ventre est de moins en moins tenable. Tu devines : « T’as une capote ? » Je cherche dans mes poches. Je l’enfile. Je bande dur, quand même, cela faisait longtemps. Tu m’enjambes, tente de me circlure. Pas dur à ce point-là. Je prends mon sexe entre mes mains pour le guider dans ton ventre. Ta chaleur autour de moi, enfin. Décidément, pas assez dur pour que tes mouvements ne soient pas maladroits. Je saisis doucement tes mains pour les joindre dans ton dos, et reprendre la direction des opérations. Visiblement, ça ne te convient pas… « Prends-moi en levrette ! » La manoeuvre est tout de suite plus évidente. Je ferme un peu les yeux, tout à la sensation de ton ventre ouvert devant moi. Je me perds en regardant tes hanches pleines. Mes mains sur ta peau invraisemblablement douce. Des caresses, quelques fessées… J’attrape ta gorge, encore. Nous le savons tous les deux, ni l’un ni l’autre ne jouirons de l’étreinte, mais chaque mouvement est une petite délivrance.

Nous sommes côte à côte, fatigués, mais heureux. Nos mains se cherchent encore un peu. Puis nos lèvres qui se mangent encore. Je finis par enlever le plastique, tu te retournes, et c’est dans mes bras que tu t’endors. Le bonheur de ton sommeil abandonné contre moi. De mon coté, je peine à dormir. Tu es juste là, blottie, tellement douce. Des bribes de sommeil pour, à chaque fois, te retrouver à mes cotés.


Le lendemain matin, le temps se fait court. Quelques phrases échangées, un dernier baiser sur le capot de ma voiture, des sourires, et te voila partie. Derrière mon volant, je prends quelques secondes pour savourer encore ces instants…

Puis, après m’avoir assuré que tu étais rentrée sereinement, plus de nouvelles… Je me suis fait baiser ? Ai-je rêvé nos regards échangés, le désir dans tes yeux, dans tes gestes, la tendresse dans tes caresses ? Quelle est donc ta version de cette journée…

Des femmes aimées


2023
10.01

J’ai souvent compté ici le nombre de mes partenaires. Comme un jeune ado boutonneux, comme un faluchard avec son potager (1), je détaillais celles qui m’accordaient leurs faveurs comme des trophées sur une étagère.

Je savais me contenter de ces échanges souvent joyeux et toujours libérateurs. Nous nous allongions l’un contre l’autre, une fois nos corps rassasiés, et si il n’y avait de l’amour, en tout cas la tendresse suffisait à lever mon impression de solitude.

Jusqu’au début de l’année 2014, qui marqua, il me semble, les premières fois où, malgré ces corps en sueur, malgré ces bras qui m’entouraient : Je me sentais toujours seul. Alors l’envie de ces étreintes me quitta. Je prenais toujours un plaisir certain à regarder de jolies femmes passer, mais le désir de les conquérir n’était plus. Cela aurait sans doute pu durer quelques temps, d’autant que je sombrais dans l’idée que tout était fini, que ne me restait qu’à trouver un endroit isolé où je pourrais attendre, paisiblement, à défaut de vouloir quitter tout cela définitivement.

Quelques mois plus tard, une amie m’apprit qu’il était biologique de ressentir, après une perte dans la tribu, le besoin de se reproduire. Cela pris quelques semaines, pourtant, après la disparition de mes parents, mais je retrouvais ce bonheur dans les bras d’un ancien amour, elle aussi là pour consoler une perte qu’elle avait subi. Je me souviens très bien de cette étreinte, pour intense et simple qu’elle fut. Nos deux corps qui s’entrelacent, des mouvements d’une infinie lenteur, et cette délivrance, l’un dans l’autre. Puis le besoin de me lier à d’autres, pressant, impérieux. Et par bonheur, dans la rencontre de ma première conquête polyamoureuse, qui mit des mots sur des sensations, des envies que je compris plus tard avoir déjà ressenties. Ce sens, tellement grand, que prenaient les corps quand ils sont emprunts de la même joie primaire à se retrouver, cette fascination de se trouver, au milieu des autres.

Aujourd’hui, malgré la rassurante certitude que je n’oublierais aucun corps frôlé, je me rends compte que ce décompte est bien vain. S’il est important de ne galvauder aucune étreinte, il me parait bien plus significatif de me rappeler ces femmes qui m’ont changé. Celles qui m’ont connu, avec qui nous avons partagé non pas que l’extase de nos désirs, mais bien un bout de chemin en commun. En fait, probablement, celles qui ont essayé de m’aimer, et que j’ai essayé d’aimer en retour. Ce sont elles qui marquent ma route.

Je ne savais rien de l’amour, ni des autres, quand j’ai rencontré Amélie. D’ailleurs, j’ai mis du temps à comprendre que nous allions nous lier autrement que d’une affection sincère, et un peu adelphe. Il serait illusoire de dire que, pendant deux ans, nous nous sommes vraiment connus. Mais nous nous sommes aimés sincèrement. Et dans ma jeunesse, je pensais, sans en comprendre le sens et les implications, que cela serait éternel. Evidemment, ce ne le fut pas. Elle le comprit avant moi, et, comme je l’ai déjà détaillé maintes fois dans ces lignes, fit beaucoup de dégâts en partant. Oh, ce premier chagrin d’amour, quand on ne sait pas qu’un jour, on pourra aimer de nouveau.

Quelques années plus tard, pourtant, Ralliowa entrait dans ma vie par l’intermédiaire des lèvres d’un camarade qui, ne pouvant obtenir d’elle plus que ses baisers, la « laissa » entre mes mains, bienheureuses, elles, de pouvoir échanger, sans plus de calculs. Quelle soirée, lui étreignant déjà la demoiselle que j’avais introduit aux affres du sexe quelques semaines plus tôt, et moi, dans cette boite, faisant glisser sur le ventre de Ralliowa un glaçon entre mes lèvres. Là encore, deux ans s’en suivirent, malgré, hélas, mon cœur encore un peu à l’affût de la précédente. Nous restâmes amants, de loin en loin, jusqu’à cette étreinte suivant la perte de ma famille.

Jusqu’à cette époque, ma conception de l’amour était… Commune, j’imagine. On s’aime, on se lie, mais sans doute ne peut-on jamais connaître vraiment l’autre. C’est la magie du désir que de lier des personnes qui peuvent, du fait même qu’ils sont étrangers, s’émerveiller de se trouver. Encore et encore.

Et puis Lamia m’intrigua. Elle était de ces femmes que je ne savais même pas espérer trouver. Une prestance incomparable, et une meneuse. Je me laissais entraîner avec plaisir dans sa ronde, acceptait de me sentir bourdon autour d’une reine. Et elle finit par me choisir. Nous n’avons osé qu’après nous dire, à demi-mots, que nous nous aimions, son départ outre-mer étant déjà programmé. Mais elle m’aida à comprendre que plus qu’une compagne, je pouvais trouver une égale, et même plus.

Mais c’est Mathilde qui fut mon premier alter-ego. Tout entre nous n’était que compréhension et partage. Je découvris avec elle ce qu’était la confiance absolue, celle qui annihile toute jalousie possible. Peut-être était-ce plus facile car, à mon grand désarroi, je ne tombais jamais vraiment amoureux d’elle. Quand il fut évident que c’était un besoin que je devais voir combler, je brisais ce lien. Un plus fort s’y substitua, une amitié qui perdurent encore à ce jour. Elle vient d’accoucher de son deuxième fils. Un bonheur que je partage, bien que nous ne nous voyions plus très souvent.

A bien des égards, Letizia fut un recul. Nous étions très amoureux, certes, mais j’aurais dû savoir que, plutôt que d’essayer de la rassurer, j’aurais dû éviter de l’enserrer dans un amour qui ne mènerait nulle part. Il faut dire qu’à cette période de ma vie, et depuis le début, je ne pouvais me projeter sans avoir obtenu cette raison d’être qui me paraissait indispensable à l’époque, et derrière laquelle je courais toujours : Se réaliser professionnellement, devenir le grand homme que je pensais devoir devenir. Les amours que je vivais alors m’accompagnaient dans mon parcours, mais je ne pouvais imaginer d’après.

J’ai pourtant refait cette même erreur avec Emmanuelle, nouant ensemble nos deux tristesses solitaires pendant une année, après quelques années de relations polyamoureuses pleines de joies, mais toujours sans avenir.

Quand Alizée est arrivée, elle ne devait être qu’une magnifique distraction, une plongée dans nos désirs communs. Mais nos sentiments se sont invités à la fête, et cette évidence a bien vite balayé les premiers doutes quant au fait que j’avais deux fois son âge. Malgré la peur de ne pouvoir l’accompagner jusqu’au bout du chemin, pour la première fois, j’ai vu un avenir. Un mariage et des enfants. Une vie à la regarder de ce regard à la fois triste, heureux et attendri qu’elle aimait tant. Mais voilà, malgré les promesses, elle ne pouvait supporter plus longtemps de gaspiller sa jeunesse à me voir sombrer toujours plus loin dans une dépression qui ne m’avait jamais quitté. Je n’avais pas souffert autant depuis mon premier amour, toujours dans ce besoin viscéral de la protéger du désir dévorant d’autres hommes qui n’auraient pas su la chérir comme ils l’auraient dû.

En un sens, elle fut le fond de la piscine. J’ai écrit ici le désespoir, et le chemin vers le havre de paix qu’a représenté alors l’hôpital, et le renoncement à toute responsabilité. L’acceptation, enfin, que je n’y arriverais pas tout seul. Et surtout, après quelques tâtonnements, le médicament qui me permit de découvrir la joie. Celle que nulle tristesse ne vient entacher, simple, naturelle, évidente.

Mais quand tous ces combats ont été menés, et quand l’âge avance, le besoin de partager la route devient tellement évident. C’est dans cet état d’esprit que quelques mots jetés sur un profil me firent vibrer, bien plus que ce minois avenant. Intelligente, déterminée, pourtant un peu ébréchée, d’un âge presque raisonnable, je me jetais comme je n’avais jamais pu dans cette histoire, le poitrail ouvert en grand. Qui changerait de nom, quels voyages nous ferions, tout avait été abordé bien vite, et tout concordait. Etait-ce les médicaments qui m’empêchaient de lui faire l’amour autant qu’elle l’aurait voulu ? Ou ce besoin désormais nécessaire d’un jeu de pouvoir pour aiguiser les appétits ? Ou tout simplement me serais-je stupidement arrêté au fait que son corps ne dessinait pas exactement les courbes que je désire ? Dur à savoir, mais pour cette raison, et surement bien d’autres, un soir, enlacés, elle lança l’idée de se séparer. Après six mois, je partis donc comme j’étais venu, sur une dernière étreinte et nos bouches qui se trouvent, pour, je n’en acquérais la certitude que plus tard, la dernière fois.

Bien plus qu’un nombre finalement abstrait de femmes étreintes, ce sont elles dont je me souviens. Elles m’ont façonnées, elles m’ont fait grandir, aider à affiner mes choix. Pour, peut-être, un jour, être celui qui sera nécessaire à la dernière. J’espère.


Tout étudiant ayant, au cours de sortie, repas ou soirée, tiré un coup en bonne et due forme, devra mettre à l’intérieur de sa faluche :
– Une carotte : acte valeureux et digne du grand baiseur qu’il est.
– Pour une pipe dûment accomplie : un poireau
– Pour l’enculage : un navet
– Pour un cunnilingus : une betterave.

Ceci sous l’œil attentif des anciens, dignes contrôleurs des actes accomplis. Ils contrôleront en particulier que l’étudiant était sorti couvert. Pour tout dépucelage, il aura droit, suivant l’endroit, à deux légumes placés en X. En espérant voir les faluches se transformer durant les années estudiantines, en de véritables potagers. (cf l’article 11)