Voila longtemps que je ne parle plus directement de femmes, ici. Il faut dire qu’avec le passage à la trentaine, j’ai sans doute mis un peu d’ordre. Enfin, que la chose est passée au second plan. J’ai sans doute réalisé que je n’aimerais ni ne me laisserais aimer que lorsque je considérerais l’avoir mérité. Et que je n’ai plus besoin d’ajouter un +1 sur un tableau virtuel pour ne pas me sentir aussi laid que quand j’étais un ado solitaire dans sa chambre de gosse. Oh, bien sûr, je reste obnubilé par le fait que je n’ai jamais les filles qu’il faudrait, que les « hot » que les marchands de séduction qu’on croise maintenant sur le net prétendent collectionner ne sont pas pour moi. Conscient que pour moi ça n’arrive en général que par hasard, ou peut-être même sur un malentendu vite dissipé. Mais je me rends compte aussi que j’ai envie de raconter celles qui sont venues depuis.
J’en étais resté sur un ou deux chiffres épinglés ici. Et ce parcours, je le vois comment, presque cinq ans après ?
Amélie a volé mon cœur pour longtemps. Morgane n’avait pas su me montrer qu’elle le réveillait presque. Yasmine avait mon amitié, et mon lit. Emilie m’avait effrayé par une parole en s’empalant sur moi. Sandrine avait passé son innocence dans mes bras. Magali m’avait offert la sienne. Rallio m’y avait fait croire un moment. Charlène avait sans doute épongé cette douleur-là. Titi et son mari m’avait ouvert leur lit pour une nuit. Ils ont fini par se séparer après quelques années à tenter d’oublier que Romu fut infidèle en amenant des hommes au milieu d’eux. Lamia m’avait fasciné, et me fascine toujours, d’ailleurs. Mais elle partie loin, la jeune Apolline m’avait fait tourner la tête, sans pour autant se laisser tomber dans mes pattes. Peut-être à cause de cela. Pauline m’avait fait partager son lit et sa vie un court moment. Emmeline m’a affolé sur un quai de métro, ou devant un soleil d’hiver qui se couche sur les marches du parvis de la Défense, le regard perdu vers le cimetière, et mes doigts vers son pantalon. Charlene et sa culotte étoilée m’aida à casser mon canapé-lit. Tu parles d’une nuit ! Nathalie m’avait accueilli chez elle, m’offrant de réaliser un beau fantasme, et de passer une sacré nuit… Lucile s’était égarée parfois par mon petit appartement parisien, jouant sans y croire aux jeux d’enfants d’un film si triste. Sonia m’a fait découvrir sur elle tout un monde de fantasmes, partageant chaque désir, chaque envie nouvelle. Anaïs se laisse conquérir, pour mieux retourner vers celui qu’elle aime. Emilie tente d’oublier son ennui probable et ses complexes certains en s’allongeant sur mon lit, toujours sur le ventre. Amusant de penser qu’elle reprendra cet appartement quand je le quitterais quelques années plus tard. Je crois que c’est aussi dans cette période que Juliette me laisse arpenter ses lèvres, que je quitte pour aller tourner un reportage, et que je ne retrouverais pas. Charlotte m’accueille à Liège, vient sur Paris, partage son temps libre entre moi et un autre amant. Quand je pense qu’elle est mariée, maintenant. Impossible de se rappeler le prénom de celle qui avait clos la liste à l’époque. Ce n’est peut-être pas plus mal. (Elsa. Elle s’appelait Elsa.)
J’en étais resté là. J’avais fini mes études, et Dieu sait que je ne m’imaginais pas à l’époque ce qui allait suivre. On était en hiver, il y a donc presque cinq ans. Je commençais juste à entrevoir le vide qui allait suivre, même si mon lit ne le resterait pas tant que ça. Un coup de foudre, Céline, passa en coup de vent, et disparut, pressentant sans aucun doute le marasme à venir. Ca faisait 20. Il y eu une nuit passée avec Keren, une beauté noire rencontrée quelques mois plus tôt.
Avant de rencontrer Mathilde. Quelques jours après les fêtes de fin d’année 2007. Et encore dans les brumes de ma rencontre avec Céline. J’étais sans doute loin de me douter où cela, aussi, allait nous mener. Une histoire d’amour qui aboutira à la douleur de ne pas être amoureux d’elle, et à sa folie, heureusement passagère. Une histoire d’amitié, que j’eus la stupidité de croire éternelle, et qui se finit sur l’autel de son nouveau couple, au début de cet été. Notre relation fut libre, ce qui me mena dans quelques bras, dans d’autres fantasmes, qui auraient pu, peut-être dû être évités. J’avais 28 ans.