Articles associés au tag ‘Yasmine’

Revenons à nos bergères.


2011
29.09

Voila longtemps que je ne parle plus directement de femmes, ici. Il faut dire qu’avec le passage à la trentaine, j’ai sans doute mis un peu d’ordre. Enfin, que la chose est passée au second plan. J’ai sans doute réalisé que je n’aimerais ni ne me laisserais aimer que lorsque je considérerais l’avoir mérité. Et que je n’ai plus besoin d’ajouter un +1 sur un tableau virtuel pour ne pas me sentir aussi laid que quand j’étais un ado solitaire dans sa chambre de gosse. Oh, bien sûr, je reste obnubilé par le fait que je n’ai jamais les filles qu’il faudrait, que les « hot » que les marchands de séduction qu’on croise maintenant sur le net prétendent collectionner ne sont pas pour moi. Conscient que pour moi ça n’arrive en général que par hasard, ou peut-être même sur un malentendu vite dissipé. Mais je me rends compte aussi que j’ai envie de raconter celles qui sont venues depuis.

J’en étais resté sur un ou deux chiffres épinglés ici. Et ce parcours, je le vois comment, presque cinq ans après ?

Amélie a volé mon cœur pour longtemps. Morgane n’avait pas su me montrer qu’elle le réveillait presque. Yasmine avait mon amitié, et mon lit. Emilie m’avait effrayé par une parole en s’empalant sur moi. Sandrine avait passé son innocence dans mes bras. Magali m’avait offert la sienne. Rallio m’y avait fait croire un moment. Charlène avait sans doute épongé cette douleur-là. Titi et son mari m’avait ouvert leur lit pour une nuit. Ils ont fini par se séparer après quelques années à tenter d’oublier que Romu fut infidèle en amenant des hommes au milieu d’eux. Lamia m’avait fasciné, et me fascine toujours, d’ailleurs. Mais elle partie loin, la jeune Apolline m’avait fait tourner la tête, sans pour autant se laisser tomber dans mes pattes. Peut-être à cause de cela. Pauline m’avait fait partager son lit et sa vie un court moment. Emmeline m’a affolé sur un quai de métro, ou devant un soleil d’hiver qui se couche sur les marches du parvis de la Défense, le regard perdu vers le cimetière, et mes doigts vers son pantalon. Charlene et sa culotte étoilée m’aida à casser mon canapé-lit. Tu parles d’une nuit ! Nathalie m’avait accueilli chez elle, m’offrant de réaliser un beau fantasme, et de passer une sacré nuit… Lucile s’était égarée parfois par mon petit appartement parisien, jouant sans y croire aux jeux d’enfants d’un film si triste. Sonia m’a fait découvrir sur elle tout un monde de fantasmes, partageant chaque désir, chaque envie nouvelle. Anaïs se laisse conquérir, pour mieux retourner vers celui qu’elle aime. Emilie tente d’oublier son ennui probable et ses complexes certains en s’allongeant sur mon lit, toujours sur le ventre. Amusant de penser qu’elle reprendra cet appartement quand je le quitterais quelques années plus tard. Je crois que c’est aussi dans cette période que Juliette me laisse arpenter ses lèvres, que je quitte pour aller tourner un reportage, et que je ne retrouverais pas. Charlotte m’accueille à Liège, vient sur Paris, partage son temps libre entre moi et un autre amant. Quand je pense qu’elle est mariée, maintenant. Impossible de se rappeler le prénom de celle qui avait clos la liste à l’époque. Ce n’est peut-être pas plus mal. (Elsa. Elle s’appelait Elsa.)

J’en étais resté là. J’avais fini mes études, et Dieu sait que je ne m’imaginais pas à l’époque ce qui allait suivre. On était en hiver, il y a donc presque cinq ans. Je commençais juste à entrevoir le vide qui allait suivre, même si mon lit ne le resterait pas tant que ça. Un coup de foudre, Céline, passa en coup de vent, et disparut, pressentant sans aucun doute le marasme à venir. Ca faisait 20. Il y eu une nuit passée avec Keren, une beauté noire rencontrée quelques mois plus tôt.

Avant de rencontrer Mathilde. Quelques jours après les fêtes de fin d’année 2007. Et encore dans les brumes de ma rencontre avec Céline. J’étais sans doute loin de me douter où cela, aussi, allait nous mener. Une histoire d’amour qui aboutira à la douleur de ne pas être amoureux d’elle, et à sa folie, heureusement passagère. Une histoire d’amitié, que j’eus la stupidité de croire éternelle, et qui se finit sur l’autel de son nouveau couple, au début de cet été. Notre relation fut libre, ce qui me mena dans quelques bras, dans d’autres fantasmes, qui auraient pu, peut-être dû être évités. J’avais 28 ans.

Rendez-vous sur Hellocoton !

Performances


2007
22.11

Dans le sexe, il y a surtout les choses qu’on a faites, et celles qu’on a pas (encore) eu l’occasion de tester. Le reste, l’amour, se passe parfois de ce genre de considérations.

Ma première avait déjà eu quatre amants. Enfin, en réalité, trois. Elle s’en était inventé un pour rattraper les trois autres. Un qui n’aurait pas été un fieffé enfoiré. Et moi, jeune chevalier vierge à l’assaut de mon premier temple, j’ai subi le poids de ces trois-là, et de tous les autres depuis. Ce serait mentir que de dire que le nombre n’avait alors pas d’importance, pour moi. Mais je sais que mon maître-étalon reste cette charmante blonde, et qu’elle me ballade toujours de quelques longueurs, d’ailleurs.

Alors, des fois, je compte. Et plus le temps passe, plus j’ai l’effroyable sensation que dans ce petit lac de caresses offertes et reçues, je pourrais en oublier une. Pas forcément la plus médiocre, juste celle qui ne rentrerait plus dans le cadre de l’histoire que je me raconte quand je repasse ma vie. Parce que c’est cela, qu’on fait, quand on compte. On se repasse son existence, « ah, tiens, elle, je venais de rentrer en fac », ou, « celle-ci, c’était mon arrivée à Paris »… Et dans ce chemin défendu, j’ai souvent peur de me tromper…

Alors comptons. Il y a donc eu la princesse au corps de rêve et au visage d’enfant, que j’ai aimé si fort. Une. Ensuite, il y a eu celle sur laquelle mes mains ne s’emboitaient pas encore de chercher la précédente, et qui me faisait tant rire que je pense que j’en étais amoureux. Deux. Puis, cette fausse rousse plantureuse rencontrée pendant ma période d’errances nocturnes, et qui fut ma meilleure amie jusqu’à sa rencontre avec celui qui l’a guérie de moi. Trois. Cette grande brune trop maigre et si fragile dans mon tee-shirt prêté pour la nuit, qui me fit peur par une exclamation inopportune au moment de s’empaler sur moi : « Oh mon dieu que c’est bon de sentir une… » Je n’appris que des années plus tard l’histoire qui l’avait conduite à se dérégler. Quatre. Cette jolie brune qui se penche vers moi au dessus d’une table d’un bar-karaoké : « Tu seras là jeudi prochain ? » Cinq. Celle qu’il m’arrive d’oublier, tant, justement, ma vie était troublée, petite vendéenne tout juste débarquée en fac. Six.

Viens ensuite celle qui va réveiller mon cœur blessé, « levée », il n’y a pas d’autres mots, en la caressant au fond d’un bar à la mode, si jeune, et qui partagera deux ans de ma vie à se reprocher de n’être pas la première, finalement. Sept. Cette petite rousse pétillante rencontrée dans un train, et avec qui l’histoire commence par cette nouvelle écrite sur la tablette et glissée dans sa main quand elle descend… Huit.

Là, j’arrive sur Paris. Et suis étonné de n’en compter que si peu, alors que chacune de ces histoires prend une telle place pour moi. Je pense que les femmes, alors, me voyaient trop venir. Maladroit, grand escogriffe trop timide…

Je parle avec un mec sur le net, le rencontre avec sa femme quelques temps après. Neuf. Une femme envoutante, qui me guérit définitivement de toutes les autres, ou presque. Dix. Dans la douleur de la précédente, une fille que je trouve intelligente, future consœur journaliste. Onze. De là, j’ai comme la sensation que les choses s’accélèrent. Comme si avec l’age qui me forge, les femmes se faisaient moins farouches. Je ne suis pas sûr. C’est surtout la période où certaines ne resteront que quelques nuits. D’ailleurs, devant mon clavier, je peine à déterminer réellement qui est la suivante.

Parce que la suivante n’a pas été complète. Jeune femme déjà engagée et se sentant délaissée, j’entame pour la première fois une historiette avec celle d’un autre. Passons.

Une fille rencontrée plusieurs fois, que nos discussions un peu déviantes conduisent jusqu’à mon lit pour une réelle catastrophe partagée. Douze. Une autre que j’oublie, parce qu’elle est fantasme plus que rencontre, enserrée contre la porte de sa salle de bain avant même de voir son visage. Treize. Une charmante nymphette à la dérive, qui atterrit entre mes mains pour quelques nuits. Quatorze. A chaque fois, je suis impressionné de me rendre compte que chacune ou presque a sur moi une avance considérable. Je me dépêche. Je file d’autant plus vite à l’assaut d’autres lits, comme si je me devais de les égaler. Peut-être ce vieux relent de fierté masculine en moi qui voudrait trouver chacune vierge, ou au moins plus que moi…

Non, je mens, je crois. Je pense qu’en repassant cette liste, je compare surtout les tableaux de chasse. Je me repasse surtout toutes ces occasions manquées, ces femmes qui n’ont pas voulu de moi, celles qu’un autre que moi a pu avoir. Plus qu’elles, l’important, dans ce jeu de dupes, ce sont eux. Ces fameux mâles aux conquêtes forcément plus importantes que les miennes, c’est à eux que je me compare, imbécile que je suis. A ces hommes qui les ont méprisés, ou à ceux qui les ont mieux compris, et qui auront fini la nuit avec la reine du bal, quand je rentrais tout seul avec mes fantasmes, mes vieilles illusions sur la séduction et mes envies manquées.

Mais je détourne l’attention. En vérité, j’ai du mal à voir les suivantes, et j’en ai beaucoup plus honte, je crois, que celles que j’ai ratées. Auraient-elles eu moins d’importance ? Je m’en voudrais, pourtant.

La suivante est l’Amante. Par excellence. Celle à qui l’on demande tout. Celle par qui on l’obtient. Jusqu’à ce que son désir à elle s’amenuise, parce que l’amour ne la retient pas. Femme qui ne se savait pas forcément belle, que je sublime, prétentieux que je suis, au moins dans son regard à elle. Quinze. Une jeune femme perdue, ne connaissant pas encore son désir, et qui me maudira pour beaucoup de choses, mais aussi pour le lui avoir montré. Seize. Une autre désœuvrée, qui viendra quelques fois jusqu’à chez moi, et que je m’en voudrai de ne pas désirer. Dix-sept. Le sexe devient parfois un peu glauque, à ce moment. Quand le nombre grandit, j’ai comme cette impression de me balader dans une sorte de vieux club échangiste miteux, mais dont je ne veux pas sortir. Le fantasme se substitue au désir pour continuer, parce que les émotions sont mortes. Même les femmes intéressantes sont devenus des accessoires pour mon désir en berne. Une grande blonde passionnée, justement, à côté de laquelle je passe allègrement. Dix-huit.

Et finalement, j’attends que l’émotion reprenne. J’ai appris à caresser les corps, mais surtout à savoir qu’on ne sait jamais rien. Que l’intérêt est justement de réapprendre à chaque nouveau corps à interpréter les signes qu’elle voudra bien laisser, à laisser mon propre corps s’abandonner à leurs mains. Je me dis que la réelle performance serait de les aimer à nouveau, pour me sentir moins vide, quand elles repartent, mais j’ai tellement peur de ne pas pouvoir en caresser assez. J’ai une leçon à apprendre, mais ce n’est jamais la même. Je voudrais être savant, mais même mon corps semble démuni face aux nouvelles contrées. La chair est joyeuse, un peu mélancolique, et les quelques caresses échangées ensuite rappellent que finalement, peu nombreux sont ceux qui ne sont pas en recherche de tendresse autant que de plaisir.

Et hier soir, dix-neuf.

Rendez-vous sur Hellocoton !

Les barreaux et le désir


2006
04.07

Une période de ma vie me laisse toujours à l’âme un sentiment de plénitude, de bonheur simple et d’accomplissement. Une période où, pourtant, je n’accomplis rien.

Il y a déjà longtemps, ma meilleure amie et moi travaillions dans des bars. Notre vie, pendant un temps qui me semble avoir duré des mois, mais qui pourtant ne doit s’étendre qu’à quelques semaines, s’écoulait au rythme des verres que nous alignions sur les comptoirs ou dans les salles de ces endroits nocturnes. Elle commençait son service avec moi de l’autre côté du comptoir, puis je partais rejoindre mon propre comptoir. Nous nous retrouvions à la fin de la nuit, parfois dans un autre bar, passions prendre notre petit déjeuner dans la meilleure boulangerie de la ville, louions un DVD ou deux, et rentrions dans son petit appartement dont l’unique fenêtre n’arrivait pas à remplir la pièce de la lumière du jour naissant.

Enlever ses chaussures avec un soulagement significatif du travail abattu, filer sous la douche, nous mangions, traînions devant la télé, puis, souvent, faisions l’amour quelques heures avant de plonger dans le sommeil, l’un dans l’autre. Nous gagnions suffisamment notre vie pour nous offrir ces plaisirs futiles, aucune question ne se posait. Tous nos besoins étaient remplis, simplement, presqu’innocemment. Notre besoin de séduction était rempli par notre vie nocturne, aucun sentiment ne venait réellement troubler notre paix.

Bien sûr, ce genre de moments restent suspendus au milieu du temps, mais ce dernier nous rattrape, forcément. Le besoin de faire pour les autres nous reprend, et l’amour, aussi. Elle fut amoureuse de son amant si présent, ce qui mit fin à notre relation.

Peu de temps après, elle rencontra un homme, et elle se mariera sans doute cet été. Je n’en suis pas certain, car j’ai perdu le contact avec elle. Son homme fut jaloux de ce que nous avions vécu, su qu’elle avait souffert de moi, et lui interdit de me voir. Notre relation finit donc par se résumer à quelques cafés dans un bar froid et sans âme, quelques après-midi par an, quand l’autre tournait le dos.

Pourquoi ces moments me reviennent, encore une fois, en mémoire… Cet homme m’a appelé par erreur il y a peu. Une erreur sur deux contacts au même prénom dans le portable de sa femme. Et hier, une erreur de numéro. Dont je ne me souviendrais plus dans une semaine si une autre femme, avec qui j’ai passé deux ans de ma vie, ne m’avait appelé à l’instant, pour m’apprendre que son homme avait voulu savoir quel était donc ce numéro dans le portable de sa promise. Lui aussi refuse qu’elle me connaisse encore.

Comment les hommes peuvent-ils donc encore, au 21ème siècle, que diable, ne pas avoir compris qu’on ne garde pas une femme de son désir avec des injonctions péremptoires, des obligations conjugales et des serments ? Qu’aucune interdiction ne peut empêcher quelqu’un d’aimer. Bien sûr que ces deux femmes m’ont désiré. Peut-être ce désir n’est-il pas mort encore. Mais leurs caresses sur leur corps frémissant, si leur amour est assez puissant, le désir de leur femme pour eux, seul, peut les empêcher de vivre ailleurs ce qu’elles ne trouveraient pas dans leur couche. Faut-il donc être naïf encore pour croire que des barreaux arrêtent le désir des femmes. Ou si faibles.

Rendez-vous sur Hellocoton !