Un matin brisé

2019
26.08

Se réveiller avec un noeud au ventre. L’envie de vomir. Un épisode de série. Je me lève, fais mon café, démarre l’ordinateur. Tout de suite, la chanson qui m’aide à pleurer depuis deux jours s’enclenche toute seule. Et les larmes coulent. Errer dans l’appartement en se demandant ce qui se passe, en se demandant pourquoi, croire trouver la réponse, pleurer encore. Se mettre à mon clavier, pour écrire, figer, comprendre, te dire, me rappeler.

Une petite semaine. Durant laquelle, perdue, tu m’as menti sur les messages que tu échanges avec d’autres hommes que moi. Cela m’a toujours fait du mal. Je t’ai toujours refusé cette porte. Pourquoi, pourtant ? Je ne doutais pas de ton amour. Nous étions tous deux ouverts à ce type d’aventures en dehors de nous. Mais tu voyais bien qu’il y avait toujours un problème avec ces autres hommes, que je finissais toujours par réussir à te dissuader de rencontrer.

Ce vendredi, je découvre que cela s’est encore produit. J’avais compris que tu t’éloignes. Je t’avais demandé de ne rester que mienne, même virtuellement. Tu ne pouvais pas. Je vais tellement loin que tu lâches ces mots que tu n’avais jamais réussi à prononcer, je crois. C’était fini. La nuit fut courte, le sommeil long à venir avec toutes ces images de toi et d’autres qui me venaient.

Pourtant, le samedi, je commençais déjà mon deuil. Méthodique, je connais déjà tellement bien ce travail. Détailler, me raccrocher à tout ce qui n’allait pas depuis longtemps. Cette confiance que je n’ai jamais su t’accorder : Celle de te croire plus forte que le désir des hommes que j’exècre. Je me sens triste, je vois cette vie ensemble s’évanouir devant moi, mais, je ne sais comment, je suis debout. La fin est un chemin facile, parce qu’elle ne connait pas de doutes. Jusqu’à t’envoyer, le dimanche, un mail dans le but de te conforter, te montrer le cheminement qui t’a mené à ce choix, pour toi.

Mais comment cela pourrait-il vraiment être fini ? Les textos s’enchainent entre nous. Tu souffres. Je te dis qu’il y a encore une chance. Implicite, qu’elle existe encore tant que je ne saurais pas ton corps contre celui d’un autre. Et tu finis par me dire que j’ai raison. Que toi aussi, tu m’aimes, que tu veux encore cette vie ensemble. Et je panique. Soudain, je réalise que je ne sais plus rien. Aussitôt, tu te rebiffes, m’accuse de t’avoir manipulée, et je me rends compte avec horreur que cela pourrait être vrai. Je regarde impuissant tous mes repères qui sautent, les amarres qui s’en vont en réalisant que je pourrais être à ce point un monstre. Des flots de mots coulent de mes doigts vers toi depuis mon téléphone, tant de mots qui n’arrivent pas à cesser, alors que tu me dis de venir te voir.

Nous nous étreignons si fort, mon amour. Je suis encore une planche morte secouée par les flots. Des flots de mots. « L’ombre de ton chien », je refuse de poser les questions qui me brûlent, et incapable de voir plus loin que l’aube. L’un dans l’autre, je finis par accepter que tu me répondes. Un homme est déjà passé. Un homme d’aucune importance. Mon corps est pris de soubresauts sans larme quand je m’écrase contre ton dos. Il faut en passer par là. Toutes les douleurs passent, n’est-ce pas, il faut juste les affronter.

Je retrouve ton sourire. Je retrouve le mien. Quelques heures pendant lesquelles je peux te regarder en paix. Amoureux. Encore, nous faisons l’amour. C’est tellement beau. L’amour. La paix. Je sens l’épuisement me gagner en détaillant ton visage sur lequel passent des ombres. Ce n’est pas contre moi, dis-tu, mais tu veux dormir seule. J’espérais ce réveil à tes côtés, rêvais que ce serait comme avant, simple, et plutôt évident. Le chemin jusqu’à chez moi, les questions qui reviennent insidieuses, et le sommeil lourd.

Se réveiller avec un noeud au ventre. L’envie de vomir. Un épisode de série. Je me lève, fais mon café, démarre l’ordinateur. Tout de suite, la chanson qui m’aide à pleurer depuis deux jours s’enclenche toute seule. Et les larmes coulent. Errer dans l’appartement en se demandant ce qui se passe, en se demandant pourquoi, croire trouver la réponse, pleurer encore.

Cette nuit, j’ai retrouvé mon amour. Ce matin, je le sens qui s’échappe entre mes mains qui se serreraient si fort pour le retenir. L’idée d’un autre corps contre le tien. Si anodin. Si vain. Je vois mon âme couverte de cicatrices. Je sais, effaré, que ce ne sont pas tes actes, mais mes peurs qui me dévorent. Je les maudis, cette femme qui m’avait trahi déjà, tous ces abandons qui me décomposent. Je maudis le désir de ces hommes qui se racontaient, méprisants de toute la beauté qu’ils avaient eu la chance d’effleurer. Je me maudis moi d’être aussi faible et effrayé.

Je suis une planche morte secouée par les flots.

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